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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 19:53

Pour une grande partie de la population française, ceux qui sont directement touchés, leurs proches, ceux qui craignent de l’être ou l’ont été, le chômage est le plus grave problème auquel notre société est confrontée. Ce depuis plusieurs décennies.

 

Les gouvernements qui se sont succédés ont mis en œuvre des mesures dont l’inefficacité est avérée. Au point que le Canard Enchainé a publié un article intitulé « Le palmarès des plans emploi qui n’ont créé aucun emploi. » Qui, sans être exhaustif, montre suffisamment l’ampleur du manque de solution.

 

Si le problème du chômage est un problème social, celui de la création d’emploi est un problème économique. Avec des dimensions sociologiques, psychologiques, diplomatiques et fiscales.

Comme tout problème, il peut être abordé sous plusieurs angles et chaque perspective oriente plus vers un choix de solutions. Toutes les mesures prises l’ont été sous un angle politique, soit sous l’influence des administrations, soit en concertation avec les syndicats patronaux et les grandes entreprises. La raison en est simple, les représentants de la haute administration, la plupart des politiques et des dirigeants de grandes entreprises sont issus des mêmes milieux, ont poursuivi des études similaires, dans des établissements d’enseignement de même nature. Leur vision de la société, de ses mécanismes, de son fonctionnement, sont semblables. Rares sont ceux qui les remettent en cause et lorsque c’est le cas, ce reste très partiel.

 

Ils sont dopés aux statistiques et raisonnent en grand nombre. Leur vision est de considérer qu’il y a un problème de quatre millions (vraisemblablement plus) de chômeurs et non pas qu’il y a quatre millions de problèmes de chômeurs. La différence, simple et claire à énoncer, est radicale et la façon d’analyser et de traiter le problème change aussi radicalement. Il ne s’agit plus de traiter des grands nombres, mais de considérer des situations et des réactions individuelles.

 

Dans une grande entreprise, la décision de création d’emploi fait intervenir plusieurs personnes. Les ressources humaines, la finance, les services concernés, la comptabilité, la direction dans les choix stratégiques. Les créations et suppressions d’emplois sont traitées par centaines, voire par milliers, au terme de processus longs, divers et compliqués.

 

Dans une petite entreprise, une TPE, le processus est rapide, dépend d’une seule personne et se trouve directement déterminé par un besoin et une structure de coût, rien d’autre et c’est très simple.

 

Si, comme les nombreuses tentatives l’ont montré, il est extrêmement difficile de provoquer la création de milliers (ou même de centaines d’emplois), dans les grandes entreprises, il est très facile de faire créer un emploi par une petite entreprise. Les grandes entreprises ont le choix, elles peuvent domicilier les emplois dans de nombreux pays, en faisant des arbitrages entre les avantages des uns ou des autres. La petite entreprise va créer l’emploi localement, aucun autre choix ne lui est offert.

 

Le problème est dès lors : comment inciter les petites entreprises à créer des emplois ? Tout entrepreneur est amené à chercher un équilibre entre des recettes et des dépenses. Des revenus et des coûts. Et il choisira, au même titre que les grosses entreprises, le moindre coût pour le plus de biens ou de services. A chaque fois que les mesures prises ont consisté à des réductions de charges pour certaines catégories de salariés, cela a constitué un effet d’aubaine déterminant les entreprises a effectuer les embauches qu’elles auraient fait de toute façon, dans les conditions permettant de bénéficier des exonérations ou réductions. Il faut donc renoncer à cette méthode.

 

Il a été dit, ce qui n’est que partiellement exact, dont il est presqu’impossible de mesurer la portée, que la création d’emploi était liée à la conjoncture économique, à une relation (un ratio ?) entre offre et demande. Cela a pu être partiellement vrai, au XIXème siècle. Ce ne l’est plus depuis longtemps, du fait notamment des échanges internationaux, des différences de coût, de charges, de normes …

 

De quelles méthodes un gouvernement dispose-t-il pour favoriser l’emploi ? Considérant qu’ayant délégué la monnaie pour la mettre en commun en Europe, il ne peut plus disposer de la création monétaire, que les traités européens et les conventions internationales ne lui permettent plus d’utiliser les barrières douanières, il reste la fiscalité et les charges. C’est-à-dire les modalités de financement des services publiques et du système social.

 

La France est championne du monde des prélèvements dans ce domaine. Vice-championne pour les impôts, mais le champion équilibrant ses comptes, elle le bat largement grâce à ses déficits. Pour les prélèvements sociaux, la première place n’a jamais pu lui être contestée, ni pour les prélèvements, ce qui est regrettable, ni pour les services rendus, ce qui sert de justificatif.

 

Il suffit de voyager un peu pour constater les différences de fonctionnement avec les autres pays. Le développement de l’administration, qu’elle soit publique ou privée, atteint en France des sommets jamais atteints dans aucun autre pays. Des bulgares me disaient que l’administration française dépassait même ce qui avait été l’apogée de l’administration soviétique. Relevons notamment que le système social emploie plus de personnel administratif que de soignants.

 

Le lien avec la création d’emploi est assez simple. Il suffit pour cela de reprendre l’image du gâteau. La création de richesse, production de biens et de services, constitue le gâteau à partager. La population bénéficiant du partage du gâteau est constituée des productifs, des chômeurs, des administratifs et de leurs familles. Plus il y a d’administratifs et de chômeurs, moins il y a de gâteau à partager et plus il y a de bénéficiaires.

 

Pour les politiques, la solution de facilité a toujours consisté, pour avoir l’air de résorber le chômage, à créer des emplois administratifs. Ceux-ci affectant la rentabilité, réduisent la création de richesse et détruisent, plus ou moins directement, des emplois productifs. Une deuxième méthode, qu’ils ont beaucoup utilisée, consiste à subventionner des activités non rentables. Ce qui présente le double avantage de constituer d’une part une catégorie d’obligés du côté des bénéficiaires de subventions, d’autre part d’empêcher le développement d’activités nouvelles qui risqueraient d’échapper à leur contrôle. L’expérience des charbonnages de France (et beaucoup d’autres) a montré que le subventionnement d’activités déficitaires avait pour effet d’accroitre les déficits et de permettre le développement d’activités non rentables au détriment d’activités rentables.

 

Cette analyse montre la solution du problème. Il faut réduire l’administration au minimum et développer tout ce qui contribue à la création de richesse locale. Contrairement à ce que croient certains politiques, réduire l’administration ne consiste pas à jeter à la rue des fonctionnaires ou agents administratifs. Elle consiste à réduire et simplifier les tâches administratives et à réorienter l’action des fonctionnaires vers des tâches et activités qui contribuent à la création de richesse, plutôt que de la bloquer et lui nuire.

 

Il s’agit ici du traitement de politique économique du chômage, son traitement social étant un autre sujet.

 

                                                                                   Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                   Puteaux, le 28 septembre 2017

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