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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 18:50

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers concitoyens,

Je me présente à la présidence de la république, et je vous demande de voter pour moi.

 

Pour vous en convaincre, je suis prêt à vous promettre tout et le reste. Que vous serez tous beaux, grands, forts et en bonne santé, que vous jouirez de toutes les libertés, de l’égalité, de la solidarité. Bien sûr, comme mes prédécesseurs, ou mes concurrents, je ne tiendrai aucune de ces promesses.

 

Vous le savez aussi bien que moi. D’une part, ce n’est pas de mon intérêt, ni dans celui de ceux qui me soutiennent, et même, si jamais je le souhaitais, ce serait impossible.

 

Vous attendez tout de l’état et vous avez raison. Plus vous en demandez et plus nous pouvons prendre. Le papier, la crotte de chien que vous laissez traîner dans la rue, nous permet de recruter un ou deux agents pour les ramasser. Ceux-ci vont avoir un chef pour répartir les tâches, outre leurs salaires, nous allons payer leurs vacances, leurs charges sociales, quelqu’un pour les recruter, un pour établir les bulletins de salaires, un autre pour tenir les comptes et enfin plusieurs hommes politiques, pour vous vanter les mérites de l’état, qui peut tout, qui fait tout. Le papier que vous avez jeté va vous coûter et nous rapporter des milliers d’euros. Merci à tous, continuez à nous demander, nous continuerons à vous promettre.

 

Nous vous occupez de rien, fuyez vos responsabilités, nous ne les assumerons pas non plus, mais cela nous rapportera beaucoup, et vous coûtera très cher.

 

Chaque fois, que vous nous demandez de résoudre un problème, nous votons une loi. Bien sûr, cela ne résout pas le problème. Aucune loi, n’a jamais résolu, aucun problème. Mais cela nous permet de prélever des impôts supplémentaires, de créer de nouvelles contraintes, de réduire les libertés, de telle ou telle catégorie de personnes. En effet les conflits à résoudre sont nombreux : producteurs contre consommateurs, fonctionnaires contre administrés ou contribuables, piétons contre automobilistes, travailleurs contre patrons, non fumeurs contre fumeurs…Pour nous cela ne change rien, vous êtes tous des citoyens, des électeurs, d’ailleurs vous êtes tout cela, à tel ou tel moment de leur vie. Et chaque fois, cela nous permet de créer de nouvelles obligations, d’augmenter notre pouvoir, notre puissance, notre force.

 

Nous pourrions réduire, voire supprimer le chômage. Il suffirait de supprimer les charges sociales sur les salaires. Les entreprises auraient plus intérêt à embaucher, qu’à avoir recours aux autres moyens. Cela ne présenterait que des inconvénients. Donner des emplois ne serait plus des « faveurs », que nous accordons. Les licenciements ne poseraient plus de problème et nous perdrions nos pouvoirs, vis-à-vis des trois millions de chômeurs, des entreprises et des syndicats.

 

Les administrations pourraient être efficace et rendre réellement service aux citoyens, la plupart des fonctionnaires sont des gens honnêtes et dévoués. Mais pour cela, il faudrait qu’ils aient des pouvoirs, qu’ils puissent s’adapter à la situation et au problème de chacun. Nous ne pourrions plus tout ordonner « d’en haut ». Nous ne pourrions plus leur donner d’ordres auxquels ils ne peuvent échapper. Tout cela se ferait au détriment de notre pouvoir.

 

D’ailleurs, nous n’en avons pas tant que cela. Chaque fois que nous voulons prendre une mesure, l’administration nous fait une étude prévisionnelle des conséquences, qui détermine le choix. Nous savons bien, qu’aucune de ces études n’est fiable. Chaque fois qu’elles sont confrontées à la réalité, leurs prévisions s’avèrent fausses. C’est assez normal, ils ne tiennent jamais compte du fait, que vous modifiez vos comportements, en fonctions des dispositions qu’ils préconisent. Vous êtes d’ailleurs imprévisibles, vu la complexité du système et l’interaction de chaque facteur, la volonté de chacun de se distinguer et la dimension émotionnelle de chacun de vos actes, aucune prévision portant sur le comportement humain ne peut être fiable. Et c’est de pire en pire, les sondages le montrent bien. Chaque sondé ne dit pas ce qu’il pense ou ce qu’il a l’intention de faire, mais ce qui lui semble le plus favorable, au but personnel qu’il poursuit. Et comme il sait très bien, que s’il le livre franchement, ce sera un moyen de le manipuler, il ment systématiquement sur tout.

 

Comme tout le monde, je vous promets de baisser les impôts. En augmentant le budget de l’état, comme d’habitude. En effet, vous ne vous en rendez pas compte, mais nous avons beaucoup de frais. Tous ceux qui m’ont aidé et soutenus dans cette campagne, doivent bien avoir droit à leur part de gâteau. Un ministère, une préfecture, une ambassade, une société nationale, les subventions, tout cela coûte très cher. En outre, pour que nos détournements et avantages divers ne se voient pas, il faut qu’ils soient noyés dans la masse. Détourner dix millions sur un milliard, se voit beaucoup moins que sur vingt ou trente millions. Si tout est dans le même budget, cela n’est pas discret, il faut multiplier les budgets, les postes, les services, pour que nous puissions servir tous nos amis, et ceux qui nous ont soutenus ou rendu des services.

 

Bien sûr le système des subventions maintient en vie des entreprises déficitaires au détriment d’entreprises rentables. Nous le savons bien, mais nous pouvons prétendre rendre service à ceux qui craindraient de se retrouver licenciés, et cela nous permet de contrôler les sociétés auxquelles nous versons ces subventions, qui deviennent nos obligées et ne peuvent plus rien nous refuser. Par contre, des entreprises qui seraient rentables sans nous, nous préférons qu’elles se délocalisent. Restons entre nous.

 

C’est comme pour les impôts. Le seuil de l’ISF, 700.000 €, à peine le prix d’un 2/3 pièces dans un beau quartier. Les gens du ministère des finances ne manquent pas d’humour ! Appeler cela une fortune : c’est à se tordre ! Et prétendre plafonner l’impôt à 85 % du revenu, n’est-ce pas drôle ! Qui accepterait sérieusement, de nous laisser dilapider, la quasi-totalité de ce qu’il gagne. D’autant plus que ce plafond est bidon ! Certains impôts, le foncier notamment, ne sont pas compris dedans. Si on l’incluait, certaines personnes fortunées risqueraient d’investir dans l’immobilier locatif. Cela pourrait accroître l’offre privée, et nous faire perdre le contrôle absolu du marché. Enfin, nous n’en sommes pas là. La répartition des logements, restera encore longtemps, l’attribution d’un privilège à ceux qui nous soutiennent.

 

Vous pourriez craindre que tout cela ne risque d’apparaître au grand jour. Rassurez vous, nous avons pris nos précautions. En effet, nous ne présentons jamais que des « budgets ». Ce que nous faisons est totalement incontrôlable, et nous pourrons continuer à raconter n’importe quoi et son contraire, sur ce que nous faisons de votre argent. Pour pouvoir connaître la situation, il ne suffit pas de montrer les recettes et les dépenses. D’ailleurs, même cela est faux, puisqu’il n’y a pas de consolidation, ni de recoupements. Mais il faudrait, comme c’est une obligation dans n’importe quelle entreprise, présenter des bilans annuels. Il faudrait faire des inventaires, de l’actif et du passif. Pour chaque service, collectivité, administration, consolider l’ensemble. On connaîtrait la réelle étendue de la dette, l’importance du patrimoine de l’état, on se rendrait compte de la qualité de la gestion, de l’administration et des sociétés nationales. De l’usage qui est fait du domaine public. Rassurez vous, cela ne risque pas d’arriver ! Nous n’y tenons pas du tout, et la haute administration, encore moins.

 

Certains d’entre vous se rendent compte que, les transports par exemple, le domaine et les services publics en général, devraient être libres et gratuits. Malheureusement, cela génèrerait des économies insupportables. Plus besoin de contrôleurs, d’agents de surveillance, de comptables, une réduction catastrophique des frais de gestion. Peut être coûteraient-ils même moins cher qu’actuellement. Tout le monde pourrait se déplacer librement. Nous serions peut être même contraints de réduire les forces de police. Les « jeunes » des banlieues ne se sentiraient plus enfermés dans leur ghetto, sous la surveillance et le contrôle des forces de l’ordre. Ils pourraient même avoir l’impression d’avoir des droits, de ne plus vouloir se révolter. Une vraie catastrophe.

 

Pour l’égalité d’ailleurs, nous sommes bien conscients qu’aucun de vous ne la souhaite. Ce que prône la déclaration des droits de l’homme est : l’égalité en droit. Ce que vous souhaitez, ce sont des privilèges. Le privilège de grève, pas seulement de ne pas travailler, mais de contraindre, de gâcher la vie des usagers, quand vous êtes mécontents de votre sort. C’est très bien, vous les mettez encore plus sous notre dépendance, bientôt cela nous permettra d’user de la « force publique », pour renforcer encore nos pouvoirs. Le privilège d’un logement gratuit ou très peu payé, nous permet de contrôler le marché immobilier, de prendre toutes les mesures discriminatoires et inégalitaires que nous voulons. Encore merci ! Le privilège de l’emploi protégé nous permet de contrôler le marché du travail et l’économie. Le privilège de ne pas contribuer à proportion des facultés, nous permet de distribuer les impôts à notre guise. Merci ! Vraiment merci, mais c’est trop ! Nous n’en demandons pas autant, nous croulons !

 

Nous n’allons sûrement pas vous demander de vous prendre en charge, de cesser de compter sur l’état pour tout et n’importe quoi. La collectivité, la nation : c’est vous. Fuir toute charge et toute responsabilité, nous donner tous les pouvoirs, va finir par aboutir à une dictature.

 

Est-ce vraiment ce que vous voulez ?

 

Dans tous les cas, votez pour moi.

 

Je serai votre icône, votre image.

Le représentant de Dieu,(excusez moi), de l’Etat sur terre.

Mes amis et moi vivrons la vie dont vous rêvez, à vos frais et à vos dépens.

 

Votez pour moi, nous ferons le reste. Vous n’aurez plus rien à faire, quand vous n’aurez plus rien !

 

 

Le candidat Idéal

Moi

 

PS : Il n’y a aucun ostracisme, tous les candidats éligibles pourraient tenir ce discours.

 

 

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