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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 10:30

Nous nous devons de constater la montée des extrémismes. Il est de bon ton de relever, au sein des communautés laïques, chrétiennes et israélites, celle de l’extrémisme islamique. De passer plus ou moins sous silence, d’édulcorer, celle d’extrême droite.

 

Au sein des communautés islamiques, il est d’usage de stigmatiser les comportements « racistes » ou islamophobes, d’apporter un soutien passif, par un zèle religieux, des signes vestimentaires, de trouver des justificatifs, aux actes des extrémistes, voire de trouver des justificatifs aux terroristes.

 

Ceci relève, pour chacun d’entre nous, d’abord des émotions, de la capacité pour chacun d’entre nous, à s’identifier à la victime. Parfois au bourreau, lorsque celui-ci exprime ou lorsque son acte est interprété comme l’expression d’une souffrance. « Il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans les sens. » Aristote

 

Ces réactions sont naturelles. Néanmoins, il faut prendre conscience qu’elles ne font qu’exacerber l’extrémisme. Les condamnations véhémentes, souvent sans nuance, émises par les membres d’une communauté, envers les extrémistes d’une autre communauté, sont ressenties comme injustes, voire xénophobes, par les membres de l’autre communauté qui trouvent là un justificatif à la pensée, voire même aux comportements extrémistes.


C’est d’abord un problème de sensibilité, celle-ci se manifeste dans deux sens, d'une part : la capacité à s'émouvoir, d'autre part : la relation au monde extérieure. La différence entre les deux est l'indifférence : l'insensibilité, qui amène à négliger l'origine des émotions : la douleur. Chez soi même et surtout chez les autres.

 

Les émotions ne sont pas des pensées, bien qu'il existe des mots pour les désigner, des pensées pour les appréhender, les susciter ou les décrire. Ce sont des troubles, des malaises, des réactions physiques, conscientes ou inconscientes. Ce sont les expressions, les manifestations des organes, du corps, qui ne passent pas uniquement, de façon consciente, par les sens.

 

Le choix d’une attitude modérée suppose d’abord d’analyser ses propres émotions, de les distinguer de ses pensées et pour ses propos et comportements, de chercher à comprendre celles qu’elles suscitent chez ses interlocuteurs ou auditeurs. D’être attentif aux réactions et d’en tenir compte.

 

La presse et les medias, ont besoin de sensationnel pour assurer l’audience. A cette fin, ils mettent beaucoup plus l’accent sur les incivilités que sur les comportements civils, les crimes et délits, que l’entraide et la solidarité, l’appartenance ethnique ou religieuse, que les spécificités individuelles des personnes qu’elle met en scène. La raison en est simple, elles sont beaucoup plus difficiles et plus longues à rechercher, à identifier et à décrire. Ce mode de présentation exacerbe l’identification et le rejet, tend à radicaliser les positions et favoriser les extrémistes.

 

Rares sont ceux qui, en France, adhèrent aux idées extrémistes. Même parmi ceux qui se livrent à des exactions, des crimes et des délits. Ceux-ci sont, dans la plupart des cas, commis pour des raisons personnelles, pas par conviction religieuse ou politique. Et même parmi ceux qui ont cette origine, la plupart proviennent de manipulations, d’incitations qui font que les acteurs ne sont que rarement les véritables coupables. En outre, la revendication par des groupes fanatiques masque souvent la situation réelle, dispensant par la qualification religieuse ou politique, de faire l’effort de rechercher les circonstances et causes effectives.

 

Ces éléments d’analyse montrent le chemin de la modération. Il est à l’inverse de ce qui conduit à l’extrémisme : Pour les crimes, délits et incivilité, chercher, au-delà de l’appartenance, ou de la « soi-disant » appartenance, à un groupe religieux, ethnique ou politique, les réelles motivations et personnalités des auteurs. Ne pas, ou avec les plus grandes réserves et la plus extrême prudence, les qualifier en fonction de leur appartenance à tel ou tel groupe. Etudier et exposer leur situation individuelle, les motivations personnelles qui les ont déterminées à agir. Rechercher les conséquences et avertir des risques liés à la simplification et l’assimilation.

 

Il est certain que l’usage, d’origine pénale et lié à la présomption d’innocence, de ne pouvoir citer le nom des auteurs de délits, a ici des conséquences nuisibles. Que, sans vouloir remettre en cause le principe, certains éclaircissements et aménagements seraient nécessaire et que leur mise en œuvre rapide est souhaitable. Mais les excès et abus législatifs laissent craindre que cette voie ne puisse apporter de solution dans un délai raisonnable.

 

Nous ne pouvons donc compter que sur la prise de conscience et la bonne volonté des journalistes, présentateurs et commentateurs, ainsi que sur la compréhension des citoyens. La présente n’a d’autre objet que de fournir une ligne directrice.

 

Comme j’ai eu plusieurs fois l’occasion de l’écrire et de l’expliquer, le communautarisme peut être un facteur d’intégration sociale. Il ne l’est pas nécessairement et notamment pas lorsque l’actualité et le discours politique exacerbent les tensions et la pensée extrémiste, ce qui tend à opposer les communautés, plus qu’à coordonner les intégrations.

 

Là où il peut jouer un rôle favorable c’est justement en gérant les tendances extrémistes en son sein, évitant ainsi que ceux-ci ne deviennent des facteurs de tension entre communauté. La prise de conscience de la réalité de certains phénomènes sociaux est susceptible d’y aider. D’abord en dénonçant des mythes. Celui de l’égalitarisme fondé sur l’anonymat en est un, qui a la vie dure. Sans doute parce que n’existant pas, il est facile pour chacun de trouver et dénoncer l’absence de son application. En matière de recrutement, d’examen … La réalité est toujours plus proche de la cooptation que l’anonymat égalitaire méritocratique. Consciemment pour une part, mais inconsciemment le plus souvent. Il est assez facile de se rendre compte, oralement ou à l’écrit, que l’on est plus sensible au discours de celui qui vient du même milieu et bénéficie d’une éducation, instruction, formation similaire. On comprend mieux, on est mieux compris, l’échange est plus facile, l’efficacité meilleure. Ce type de comportement est-il condamnable ? Est-il seulement évitable ? Il me semble qu’il faille, le tenant pour naturel, en tenir compte comme tel. Celui de l’opposition fondé sur la différence en est un autre. La différence, étudiée et appréciée comme telle, peut être une source de complémentarité et donc d’efficacité, à condition qu’elle ne donne lieu ni à dénigrement, ni à dépréciation, des uns par rapport aux autres.

 

Une notion mathématique peut nous venir en aide pour définir la voie qui, étant celle de l’intégration sans rejet du communautarisme, est, par voie de conséquence, celle de la modération contre l’extrémisme. Il s’agit du Plus Grand Commun Dénominateur (ou Diviseur, dans la formulation actuelle). L’idée étant : si on écarte tout ce qui différencie les communautés, quelles sont les caractéristiques communes à l’ensemble de la population, pour que le consensus social existe. Posé de cette façon, le problème s’éclaircit. Il est notamment clair que la religion doit être exclue à partir du moment où plusieurs coexistent au sein de la communauté. Que le prosélytisme doit également en être exclu, ou interdit au moins dans l’espace public. Que la langue, une certaine instruction, une éducation ou une base éducative conformes à la règlementation sont indispensables.

 

Ces clefs sont suffisantes pour rejeter la voie de l’extrémisme, s’engager sur celle de la modération. Sommes-nous prêts à nous y engager ? Telle est la question !

 

                                                                                               Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                               PUTEAUX, 17/11/2013

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commentaires

O
Bonjour, <br /> <br /> Merci pour l'article ! Je viens de découvrir sur un reportage en France que depuis 2010, les jeunes français sont beaucoup plus attirés par le groupement islamique. Est-ce vrai ? <br /> En attendant, je vous invite à passer sur: https://dago-moderation.com<br /> <br /> <br /> A bientôt !
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