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9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 08:38

Nous vivons dans un univers de fausses valeurs. Et je dois dire que, sans doute comme la plupart d’entre vous, j’ai eu beaucoup de mal à m’en rendre compte.

Pourtant, j’ai connu un certain nombre d’alertes : la valorisation des « Super héros », qui dévalue l’héroïsme quotidien de nombre de nos concitoyens. L’infinie noirceur des « Super méchants », qui édulcore la nuisance, des petits délinquants et des malversations courantes. Cet immense débat sur « La peine de mort », alors que la mesure était, déjà depuis longtemps, tombée en désuétude en France.

Et puis, je me suis rendu compte que ce système, était d’une application beaucoup plus large, que mes premières impressions ne me l’avaient laissé entendre. Discutant avec les enfants, ils m’ont montré que les valeurs morales auxquelles ils se référaient étaient, pour beaucoup, issues des dessins animés, notamment de Walt Disney. Que seules de grandes actions, réalisées de façon dramatiques, dans des circonstances exceptionnelles, pouvaient constituer des références morales.

Que l’effort quotidien, obscur, les contraintes de la vie courante, « normale », étaient des conditions à mépriser et à fuir.

Et ceci participe sans doute à expliquer, ce que je dénonçais dans un autre article : « La règle fondée sur l’exception ».

Il existe une sorte de manichéisme ambiant, qui fait que tout doit être noir ou blanc et que ce qui ne l’est pas, semble négligeable et sans incidence. Qu’il y aurait une sorte de gris uniforme, nimbant l’essentiel de nos vies et de nos actions.

Or la réalité est pleine de nuances. Et ce sont des milliers, voire des millions, d’actions quotidiennes que nous accomplissons, le plus souvent sans y penser, ni en considérer les conséquences, qui conditionnent notre présent. Qui déterminent notre avenir et celui de nos enfants.

Nous prônons et valorisons, au moins verbalement, la fraternité et la solidarité. Tout en acceptant qu’au sein de notre société, ce soient la compétition et la concurrence entre les personnes, qui s’appliquent. Ne sommes-nous pas conscients que ces valeurs sont antinomiques, incompatibles, inconciliables ? Que des enfants, auquel le principe de la compétition est inculqué dès l’école, qui n’ont jamais l’occasion de s’entraider et de collaborer, ne pourront pas se conduire de façon solidaire et fraternelle, à l’âge adulte ?

Ayant pris l’habitude, dans les films et les séries télévisées, que des policiers et auxiliaires de justices, s’autorisent à déroger aux lois, pour combattre de monstrueux criminels, n’avons-nous pas nous même, pris l’habitude de déroger aux règles, sans vraiment nous soucier des conséquences, puisqu’il ne s’agit pas de crimes horribles ou de conséquences apocalyptiques.

Les actes ne sont pas tout blancs, ou tout noirs ! La plupart ne sont pas non plus d’un gris sans nuance. Les nuances, les différences sont importantes. Il existe, il doit exister, un système moral assurant une hiérarchie des infractions, des crimes et délits. Et la situation actuelle, de peines inappliquées, de prisons encombrées, qui s’avèrent être des écoles du crime, montre assez que ce système de sanctions est inefficace.

Encore faut-il que les règles, les lois, soient effectivement destinées à assurer un consensus social et qu’elles y parviennent. Ce qui n’est malheureusement plus et de moins en moins, le cas. Pour cela il faudrait que la réparation prime sur la sanction et que d’éventuelles sanctions soient adaptées à la nature, au moins autant qu’à la gravité du délit.

Il peut exister une compétition, une concurrence, entre les entreprises, les biens et les services, qui pourrait à certaines conditions, ne pas s’opposer à l’entraide fraternelle. Mais, si l’on souhaite vraiment que la fraternité règne entre les citoyens, qu’ils puissent se sentir solidaires, il faut exclure du champ social toute compétition ou concurrence. Or il s’avère que ce sont les seules valeurs, qui ont encore cours dans notre société. De fait, ce qui est qualifié de solidarité relève, pour ceux qui y contribuent, plus du racket que du don et pour ceux qui en bénéficient, plus de la subordination humiliante, que de l’entraide. Sans compter les abus des profiteurs en tous genres, qui exploitent le système. Quant à la fraternité, bien que le mot soit sur toutes les lèvres, il semble que la signification en ait été perdue et que les cris et pleurs, vociférations et manifestations médiatiques, lui aient été substitués, sans aucun effet notable pour les « bénéficiaires » d’ailleurs.

Comment en sommes-nous arrivés à une telle confusion des valeurs morales ? Beaucoup, en voulant imposer, du sommet de hiérarchies aveugles, des règles abstraites, qui déshumanise la relation entre les individus. En voulant privilégier la fonction sur la personne, le contrôle des individus, sur les conséquences des actions.

Car en fait, si nous observons autour de nous et même, pour chacun, nos propres comportements : Qui se soucie vraiment des conséquences de ses actes ? Les dirigeants, les gouvernants, ne veulent être appréciés que sur leurs promesses et déclarations. Parfois sur les mesures qu’ils prennent. Jamais sur leurs conséquences, pour lesquelles, surtout lorsqu’elles sont mauvaises, voire dramatiques, ils trouvent toujours d’autres causes, ou excuses. Et si les dirigeants, avec toute leur puissance, ne sont pas responsables des conséquences de leurs actions, peut-on demander au simple citoyen, dont les moyens permettent à peine de survivre, d’assumer les siennes ?

Notre morale existe, elle ne figure pas que dans la déclaration des droits de l’homme, nous avons tous les moralistes : Montaigne, La Boétie, Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld, Bossuet, Chamfort, Vauvenargues, Rivarol, La Fontaine, mais aussi Montesquieu, Voltaire, Racine, Corneille et même Molières, ont donné, sous diverses formes, des leçons de morale. Qui, pour la plupart, restent d’actualité. Et nous en avons bien besoin, plus que de fusées, de téléphones portables et d’ordinateurs, dont d’ailleurs la plupart d’entre nous, ne savent pas se servir et ne tirent aucun avantage.

Marc Albert CHAIGNEAU

Puteaux, le 7 janvier 2016

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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 05:59

L’Europe est au bord de la rupture, nombreux sont ceux qui en ont conscience, qui le disent et l’écrivent. A l’exception de quelques inconscients, nombrilistes irresponsables, nombreux sont ceux qui se rendent compte que la finance est en train de gagner, le combat qui l’oppose aux peuples européens.

Pourtant, comme chaque financier le sait, on l’enseigne en faculté dès la première année, ce sont les périodes de crise qui présentent les meilleures opportunités.

Mais pour résoudre un problème, encore faut-il qu’il soit bien posé.

Il n’est question, dans le discours politique, particulièrement celui des dirigeants européens, que de remboursement de la dette. L’attention se concentre sur ce point jusqu’à négliger toutes les autres perspectives et notamment le marasme qui sévit, non seulement en Grèce, mais dans d’autres pays. En ayant connu le Pirée, certains quartiers commerçants d’Athènes, ou d’autres cités grecques, il y a une trentaine d’années, on ne peut qu’être effrayé des fermetures et de l’abandon, qui peuvent faire penser à la crise de l’Allemagne, ayant entrainé la montée du nazisme.

Or, après les destructions de la guerre, partant d’une situation encore plus catastrophique que celle que nous connaissons, le plan Marshall a permis une reconstruction et le développement dynamique des trente glorieuses. Et celui-ci a été fondé sur un principe, l’effacement des dettes. Il semble que Thomas Piketty, qui jouit actuellement d’une belle notoriété, y soit favorable et envisage un nouveau plan Marshall. Je ne pense pas que ceci apporte la solution, même si l’idée me semble aller dans le bon sens et être susceptible d’y contribuer.

Les mesures d’austérité prônées par l’Europe, le FMI et la BCE provoquent la misère en Grèce, comme dans d’autre pays. Cette misère réduit les recettes fiscales et aggrave la situation sur tous les plans. Pourtant les dirigeants s’acharnent sur cette orientation. Qui peut en bénéficier en dehors du système financier ? Quels prétextes utilisent-ils pour se justifier ?

Ils prétendent, suivis-en cela par beaucoup de politiques et de journalistes, présenté comme une évidence, en donnant même les détails, que les dettes grecques qu’ils ne paieront pas, devront être supportées par les autres pays d’Europe. J’ai même entendu un « journaliste » donner le montant à supporter par français. Pour quiconque a quelqu’idée de l’histoire de la finance, cela ne s’est jamais passé ainsi. Pour quiconque a quelque notion du fonctionnement des finances publiques et internationales, il est quasi inimaginable que cela puisse se passer de cette façon. Compte tenu des modes de fonctionnement de la finance internationale, de la mobilité des créances sur les marchés, de la faible connaissance que nous avons de la réalité des créances, de l’identité et du comportement des créanciers, de nombreux scenarii sont possibles, où la vraisemblance de la prise en charge de la dette par les autres états, est vraiment marginale.

Néanmoins, il y a crise. Non pas crise de la dette grecque, sauf pour ceux qui lui accordent de l’importance, sous des prétextes fallacieux et pour des raisons qui m’échappent, car des endettements, en principe insupportables pour les états, sont en fait chose courante, mais crise de confiance, dans l’euro et de l’Europe. Celle-là, après avoir passé une phase ascendante d’attraction d’états, pour ses institutions et l’euro, amorcerait une courbe descendante, avec une séparation d’un état, du système monétaire, ce qui remettrait en cause le système politique.

Il y a, il y a toujours, d’autres façons de considérer le problème. Et d’abord d’analyser la situation. D’abord en accordant plus d’importance à la situation de la population grecque qu’à la finance, ensuite en comparant, au sein de l’Europe, ce qui a des effets positifs et négatifs pour les populations.

Tout le monde, ou presque, tend à considérer la libre circulation des biens et des personnes comme une bonne chose. Je le pense aussi. L’avis général considère également que la libre circulation des capitaux en est le corollaire, ce qui me semble beaucoup plus contestable, ou reste à démontrer. Les effets négatifs me semblant beaucoup plus importants, que les conséquences positives, pour les populations, bien sûr, pas pour les banques et capitalistes internationaux. Car si la libre circulation des capitaux n’est pas un corollaire de celle des biens et des personnes, elle devrait correspondre à une fiscalité harmonisée et coordonnée. Qui devrait en être le véritable corollaire.

Il est clair, pour chacun, qu’il est plus facile de condamner la population grecque, pour les fautes commises par ses anciens dirigeants, que de mettre en place une fiscalité européenne. Mais le passé est le passé et ceux, dirigeants politiques et financiers, grecques ou internationaux, qui ont commis les fautes et les malversations, ne seront pas là pour les réparer. Dans le présent, les populations grecques n’accepterons pas plus que nous ne le ferions, d’être maintenus dans la misère sous le fallacieux prétexte de remboursement d’une dette, dont ils ne sont en rien responsables. Pour sauver l’Europe, il faut donc trouver d’autres solutions. Une véritable fiscalité européenne, susceptible de lutter à armes égales avec la finance, est indispensable et la réforme nécessaire urgente. La dérive des finances publiques de certains pays européens, dont la France, doit cesser, car c’est le mal qui gangrène le système européen.

Marc Albert CHAIGNEAU

Puteaux, le 3 juillet 2015

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1 avril 2015 3 01 /04 /avril /2015 05:54

Nombreux sont ceux qui, politiques, journalistes ou simples quidam, s’étonnent de la montée du terrorisme et lui trouvent une origine dans la misère. La misère est sans doute le terreau, elle n’est pas à l’origine du terrorisme.

Le Djihad trouve son origine dans une quête de spiritualité. Spiritualité qui, en occident, n’est plus proposée que de façon marginale et du bout des lèvres, par la chrétienté, institutionnalisée, incarnée dans le catholicisme et le protestantisme, endormis pour l’essentiel dans une routine lénifiante et le judaïsme, coagulé par la construction de la terre promise en Israël.

Nos dirigeants, nous-mêmes, sommes amenés à reconnaitre le caractère matérialiste de nos sociétés, le productivisme, le consumérisme et leur peu de valeur morale. Mais nous nous berçons d’illusions en défendant sous forme de slogans ou d’incantations, des valeurs qui n’ont plus cours dans nos sociétés.

Quels sont les sujets qui occupent le débat public ? En dehors des attentats et catastrophes, dont la presse et les médias font un étalage, dont l’indécence donne la nausée, nous avons droit, en fait de débat politique, à des numéros de bateleurs de foire. Chacun propose, à son étal, la formule magique qui va soigner tous les maux, facilement et pour pas cher. Personne n’y croit plus, mais c’est la règle du jeu et presque tout le monde accepte de jouer.

Les grandes valeurs que, soit disant nous défendons, sont la liberté, que l’on sacrifie sur l’autel de la sécurité. L’égalité et la fraternité, que l’on écartèle sur ceux de la compétition et de la concurrence.

Ce qui est sacro-saint dans la réalité du fonctionnement de nos sociétés, la panacée, c’est la croissance. Produire plus, toujours plus et encore plus. Alors que ce qui croît le plus, ce sont les déchets et les laissés pour compte. La grenouille, qui est désormais beaucoup plus grosse que le bœuf, ne se contente pas de sa taille, il lui faut grossir encore et toujours.

Mais l’on ne peut condamner les seuls politiques et journalistes, ceci est le reflet des désirs et comportements de l’essentiel de la population. Qu’appelle-t-on consumérisme, si ce n’est le fait de vouloir manger des fruits hors saison, porter sans cesse de nouveaux vêtements, avoir les téléphones, ordinateurs, télévision dernier cri ?

Y a-t-il là-dedans une once de spiritualité ? Le moindre espoir d’élever son âme ou son esprit au-delà des contingences matérielles. N’est-ce pas désespérant pour quiconque y aspire ?

Il n’est pas envisageable, pas possible, de reconstituer des valeurs morales ou d’en créer de nouvelles. Mais il reste possible, la littérature classique, grecque, romaine, de la renaissance au siècle des lumières, particulièrement ceux que l’on désigne sous le terme de moralistes en sont l’illustration, de revenir à celles qui ont prévalu pendant des siècles. Elles sont encore présentes, exposées, développées, il suffit de puiser dans ces œuvres.

En outre, le traité du vivre ensemble existe également, il s’appelle Code Civil et considérant que « Nul n’est censé ignorer la loi. » Il est dommage qu’il ne soit pas enseigné dans les écoles.

Marc Albert CHAIGNEAU

Puteaux le 28 mars 2015

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