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8 décembre 2018 6 08 /12 /décembre /2018 21:03

 

Il n’est pas nécessaire de chercher le terme d’administrocratie dans les dictionnaires, il n’y figure pas. Pourtant, je crois que tous les administrés en comprendront le sens.

 

Il est dit et prétendu que nos pays sont, en ce début de ce XXIème siècle, comme au cours du précédent, pour la plupart, des démocraties parlementaires. Nombreux sont ceux qui dénoncent que l’exercice du pouvoir n’est pas réellement démocratique et que le système électoral relève plus de la mascarade, que de la démocratie. Faut-il rappeler que celle-ci a été définie comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ? La formule est heureuse, mais « le peuple » est une abstraction de second niveau kantien. Et imaginer qu’une abstraction de second niveau soit capable de gouverner, c’est-à-dire d’effectuer des choix de comportements conscients, reste au même niveau d’abstraction. Or celui-ci n’a pas de lien direct avec la réalité concrète, c’en est même la définition. Ceux qui le prétendent, peuvent donc être qualifiés de menteurs et de manipulateurs

 

Donc, si dans nos démocraties, le pouvoir ne peut être exercé par le peuple, qui en est incapable : qui l’exerce effectivement ?

 

Ses représentants élus, me direz-vous ! Ou prétendent-ils ! En fait d’une part ils ne sont pas réellement élus. Chacun n’est pas libre de choisir celui qu’il souhaiterait le représenter. Le choix se limite le plus souvent entre deux candidats cooptés au sein de partis dont les différences les plus notables sont dans les noms et dans les sigles. Mais qui fonctionnent de la même façon et appliquent la même politique, dont les résultats ne correspondent jamais aux attentes des citoyens. Ils prétendent s’en justifier par une maîtrise insuffisante des situations, des causes ou évènements extérieurs, qu’ils ne peuvent ni prévoir, ni orienter. Nombreux sont ceux pour qui ces explications, présentées depuis plus de trente ans, sans qu’aucun remède n’ait jamais été apporté, ne sont pas satisfaisantes. Ce d’autant plus que, si la situation de la population ne cesse de se dégrader, celle des dirigeants, politiques, financiers, économiques, n’a jamais été aussi florissante. Mais si on accepte tout de même leur argumentation, nous devons en conclure que nous avons des dirigeants élus, qui ne sont pas vraiment élus et qui ne dirigent pas vraiment non plus. En dehors de mascarade, je ne vois pas quel terme employer pour décrire une telle situation.

 

Si les dirigeants politiques élus à cette fin n’exercent pas le pouvoir, la question reste posée : qui l’exerce ?

 

Il est certain que, conformément à la constitution, le pouvoir législatif réside au parlement, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, l’exécutif au gouvernement, dirigé en fait par le Président de la République. Le pouvoir judiciaire étant, en principe, indépendant. De fait, il est de notoriété publique que les assemblées sont principalement composées de membres des deux partis qui se sont succédé au pouvoir, même si certains ont trouvé de nouvelles étiquettes, ce sont toujours les mêmes. Qu’il existe, de ce fait, une interdépendance entre le parlement et le gouvernement et que la séparation de leurs pouvoirs est, pour le moins, poreuse. Pour la justice, ses moyens lui étant fournis par l’exécutif, qui dirige en outre la magistrature debout (ce que l’on nomme souvent « le parquet ») et donc en grande partie la carrière des magistrats, son indépendance qui a été toute relative. Que les plus récentes nomination ont fait passer du vœu pieux à la pure galéjade.

 

Le Président de la république, chef de file de la majorité parlementaire, concentre donc, sinon dans ses mains, au moins dans son entourage, l’essentiel des pouvoirs de la république. Il faut en conclure que ce système est inefficace, l’alternance au pouvoir n’ayant rien changé. On voit mal d’ailleurs comment les partis extrémistes, dont on constate la montée dans beaucoup de pays, pourraient améliorer la situation, les éléments de solution qu’ils proposent, n’étant ni cohérents, ni crédibles.

 

Dire que le système est inefficace est un simple constat. Le nombre de chômeurs, son augmentation continue, la dégradation, le démembrement des services publics et sociaux, suffisent à le démontrer. Et le reste de la situation ne vaut pas mieux. Tant sur le plan Français qu’Européen.

 

Si le gouvernement, les dirigeants, politiques d’abord, financiers et autres, sont les premiers responsables de cette situation, ce ne sont pas les seuls. Les responsabilités sont étendues, réparties, diluées à un point tel qu’il me semble que quasiment personne n’est complètement innocent.

 

Car au sein de nos sociétés, tout le monde, chacun d’entre nous, fuit ses responsabilités. Et aucun superhéros, aucun surhomme ne pourra jamais compenser la passivité et la mauvaise volonté de dizaine de millions d’individus. Ni la malhonnêteté d’un bon nombre.

 

Notre société est en crise, les gilets jaunes en sont une manifestation, comme l’ont été les bonnets rouges. Le malaise est profond mais protéiforme, son objet diffus et contradictoire.

 

En effet, comment revendiquer en même temps une réduction des impôts et l’abandon des mesures de démantèlement justifiées par de « nécessaires économies », ou développement des services publics ?

 

Posées en ces termes, l’incohérence est évidente et l’impossibilité manifeste. Mais il est possible de considérer les choses autrement.

 

Si l’on analyse les services publics sur plusieurs décades, on se rend compte que leur développement est surtout administratif. Le fonctionnement des services de santé, de la police, de l’enseignement, de quasiment tous les services publics, il y a quarante ou cinquante ans.

 

Au cours des dernières années, on constate la suppression de nombreux postes de soignants et la création de postes administratifs dans le système de santé. L’obligation dans laquelle se trouvent de nombreux soignants, infirmiers, médecins, de consacrer l’essentiel de leur temps à des tâches administratives au détriment des soins. Un phénomène équivalent au sein des services de police, de justice, où la mission devient secondaire, alors que les tâches administratives submergent.

 

Un article n’est pas suffisant pour analyser l’ensemble du problème, mais il doit être clair pour chacun que l’augmentation des tâches administratives réduit l’efficacité, la compétitivité, renchérit tous les biens et les services, détermine une augmentation sans fin des impôts et taxes nécessaires à les financer, à un niveau devenu insupportable.

 

 

                                                                                      Puteaux, le 8 décembre 2018

 

                                                                                     Marc Albert CHAIGNEAU

 

 

 

 

 

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