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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 19:45

 

Je dois dire avoir été assez surpris d’entendre quelqu’homme politique demander le démontage de statues de Colbert, ainsi que de débaptiser écoles et monuments portant son nom. La raison avancée étant que Colbert aurait été favorable à l’esclavage, que certaines des mesures qu’il a promues ou mises en œuvre auraient été « esclavagistes ».

 

Au-delà de ma surprise, j’ai pensé à « 1984 » de Georges ORWELL et à la réécriture de l’histoire, au fur et à mesure des changements d’alliance et de politique.

 

En effet, quelle légitimité peut-il y avoir à réécrire l’histoire, sur la base de références ou d’un système de valeurs qui n’avaient pas cours à l’époque ? Qui étaient inconnues, car les connaissances, dans tous les domaines, sont bien plus avancées, voire radicalement différentes.

 

Faut-il condamner le géocentrisme, l’héliocentrisme, toutes les croyances, erreurs et injustices auxquelles ils ont donné lieu ?

 

Nos enfants, nos petits-enfants, ne nous condamnerons-t-il pas, et en particulier nos dirigeants politiques, pour s’être consacrés à de telles vaines arguties, tout en négligeant de nous préoccuper des montagnes de déchets que nous produisons ? De la façon dont nous polluons, voire détruisons notre environnement ? Massacrons une nature admirable ?

 

Les comportements, du peuple, des citoyens, des politiques, dirigeants ou ministres, sont toujours et plus ou moins clairement le reflet des connaissances et croyances de l’époque. Condamner un comportement du XVIIème siècle en considération de valeurs du XXIème, est un évident anachronisme. Et l’anachronisme est, par définition, une erreur fallacieuse. Elle consiste à se référer à des valeurs qui n’existaient pas à l’époque et à en tirer des conséquences qui ne correspondent pas aux mœurs contemporaines. La notion même de « crime contre l’humanité » est très récente.

 

Rien ne me choque dans l’idée, mise en œuvre à Sablé sur Sarthe, de donner à un établissement tel ou tel nom, de tel personnage que l’on souhaite honorer, pour telle ou telle raison. Il est normal que ces dénominations reflètent les mœurs et les aspirations d’une époque.

 

Condamner Colbert pour des raisons anachroniques, ne me semble relever que du trouble mental né de la confusion actuelle des idées, particulièrement parmi les politiques. Rien ne peut jamais être sainement jugé hors de son contexte. Même et sans doute surtout, les choix politiques. Il suffirait à ceux qui s’y essaient d’imaginer comment leurs actes pourraient être ainsi jugés au cours des siècles à venir.

 

 

                                                                                               Marc Albert CHAIGNEAU

 

                                                                                               Suresnes, le 21 septembre 2017

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