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17 mars 2020 2 17 /03 /mars /2020 08:48

Ces mots, largement utilisés aux XVIII et XIXème siècles, ont quasiment disparu du langage du XXème et du début du XXIème siècle.

 

Le terme le plus répandu pour qualifier les auteurs de ces comportements est « malhonnêteté ».

Litote ou euphémisme ? Faudrait-il croire que nos contemporains seraient plus honnêtes que nos ancêtres ? Qu’ils ne commettraient que des pêchers véniels ?

 

Franchement, j’en doute. Mon impression serait plutôt à l’inverse, que la criminalité s’est développée et généralisée de façon exponentielle dans tous les domaines de la société. Pour tous les types de comportements. Peut-être moins sanglante, mais avec de nouvelles formes de violence, de nouveaux instruments, concrets et abstraits.

 

Je ne conserve pas de souvenir plus anciens, mais j’ai des souvenirs précis des années 1950-60.

L’époque de mon adolescence, de mes premiers apprentissages. Je me souviens notamment que, ni à Neuilly, notre résidence principale, ni à Royan, notre maison de vacances, les portes n’étaient jamais fermées à clef. Notamment que la porte du garage de Royan n’était jamais fermée lorsqu’il faisait beau. Qu’elle ne servait qu’à protéger de la pluie, des intempéries. Que les courses, le vin, les achats divers étaient dans la plupart des cas laissés dans le garage. C’est moi qui étais le plus souvent chargé d’aller les y chercher. Bien que ce soit au vu et au su de tout le monde, de tous les passants, je ne me souviens pas que rien n’y ait jamais été volé !

 

En ce début de XXIème siècle, je ne crois pas qu’il existe, en dehors de zones campagnardes où tout le monde se connait et où ne passent jamais d’étranger, des lieux susceptibles de présenter une telle sécurité. D’ailleurs tous les immeubles, industriels, de bureaux ou d’habitation, toutes les maisons, ne sont-ils pas équipés de commandes, de digicodes, d’interphones, de digiphones, de caméras ? D’une multitude de mécanismes, de systèmes de surveillance. Mais il n’y a quasiment plus de concierges, de gardiens, personne à qui parler, demander des nouvelles, avec qui échanger.

 

Autres temps, autres mœurs. Et je sais que nombreux seront ceux qui considèreront là une nostalgie de ma jeunesse. Mais cela va bien au-delà. Nombreux sont également ceux qui considèrent que les voyages, les déplacements, la mobilité, constituent un progrès, un accroissement des libertés. Mais comme pour une médaille, il faut également regarder l’envers, ou le revers. Et celui-là ne me semble pas réjouissant. A force de voyages et de déplacements, personne ne connait plus personne. Bien souvent même plus ses voisins de palier. Qui ne s’intéressent pas plus à lui et en savent moins sur lui, que sur n’importe quel politique, acteur ou joueur de football, qu’ils ne rencontreront jamais. Et qui ne connaitra jamais leur existence. Tous deux se précipitant, dès qu’ils rentrent chez eux, pour allumer un écran de télévision, un ordinateur ou une console de jeu. S’évadant ainsi de l’existence banale, ennuyeuse, qu’ils organisent et perpétuent par ces comportements.

 

Dans les affaires, mes souvenirs ne remontent pas en deçà des années 70. Mais j’ai des souvenirs précis. Particulièrement des petites entreprises de mécanique et de bâtiment. Ce n’était déjà plus l’après-guerre, mais c’étaient les trente glorieuses. Certaines commandes n’étaient que de simples plans, ou même croquis, qui n’étaient même pas signés. Ou des demandes verbales. Ce qui n’empêchait pas le travail d’être rigoureusement fait et le prix, mentionné verbalement à la commande, scrupuleusement payé. Le tout dans les délais convenus. Les immigrés, soucieux de leur intégration, apprenaient aussi rapidement qu’ils en étaient capables, les travaux, la langue, les mœurs, us et coutumes, qu’ils respectaient avec encore plus de rigueur que les indigènes, pour favoriser cette intégration.

 

La politesse, le respect, la civilité étaient de règle. Envers les aînés que l’on laissait passer ou s’asseoir, la galanterie envers les femmes dont l’élégance et le maintien manifestait la supériorité, avant que de revendiquer l’égalité. Mon père me disait : « Pour être respecté, il faut être respectable. » Au-delà du Droit au respect, il y a le mérite. Le souci de mériter ce que l’on souhaite obtenir. Le droit ne tombait pas du ciel, il était la conséquence du respect du devoir, d’avoir assumé ses obligations.

 

Toutes ces valeurs se sont perdues. Chacun revendique tous les droits, en refusant toute obligation. Respecter ses engagements n’est plus considéré que comme une preuve de faiblesse, voire de couardise. Pour les politiques, promesses et engagements n’engagent que ceux qui y croient. Trouver n’importe quel prétexte pour ne pas les tenir est admirable et presqu’unanimement admiré. Presque toutes les publicités sont mensongères et déceptives, ce bien que ce soit interdit par la loi. Mais ceux chargés de son application considèrent que c’est sans incidence car quiconque y réfléchit ne peut y croire. Pourquoi dire la vérité lorsqu’il n’y a que des avantages à mentir ? Que les sanctions, lorsqu’elles existent, ne sont jamais appliquées ? Que les peines encourues sont dérisoires par rapport aux avantages ?

 

Même les lois, nombreuses jusqu’à la nausée, contradictoires, mal écrites, fondées sur des études fallacieuses, sur des compromis inavoués et inavouables, sont fourbes. La plupart des lois récentes, au lieu de définir la règle à partir du cas général, se fondent sur l’exception, voire le cas unique, qui devient la référence à quoi tout doit se plier. L’objet n’étant plus de définir la règle mais d’occuper l’espace médiatique, de faire le spectacle pour le public électoral. La finalité n’étant pas « de gérer en bon père de famille », d’administrer ni de résoudre les problèmes, mais de parvenir à diriger et se maintenir au pouvoir.

 

Dans le domaine fiscal, qui atteint des sommets, la soit-disant lutte contre une fraude marginale prétend justifier l’application a priori à tous les « contribuables » des mesures qui ne devraient s’appliquer qu’aux fraudeurs. La plupart des avantages, exonérations, dérogations … s’avérant des miroirs aux alouettes, le fisc cherchant toujours à rattraper d’une main ce qu’il a donné de l’autre. Enfin la complexité des règles favorise la fraude, assujettit et contraint les petits, les obscurs, les sans-grades, à l’avantage des gros, internationaux bardés de conseillers.

 

Terminons-en par les définitions : Fourbe : « Qui a recours, pour tromper, à des moyens odieux. » Littré. « Qui trompe avec une adresse perfide, qui use d’artifices déloyaux. » Dictionnaire de l’Académie Française. Duplicité : « Caractère d'une âme qui est double, qui présente une apparence trompeuse et contraire à ce qui est au fond ; mauvaise foi. » Littré. « Disposition d’une personne qui affecte des sentiments, des intentions, des idées qu’elle n’a pas réellement afin de tromper autrui sur son compte ; comportement de cette personne. » Dictionnaire de l’Académie Française

 

Ne sont-ce pas des définitions rendant compte de l’état de la société dans laquelle nous vivons ?

Y a-t-il encore un système, une institution, au sein de laquelle les valeurs de franchise, de probité d’honnêteté, sont encore prépondérantes ? Je ne le crois pas, je n’en connais pas.

Et les termes qui les désignent sont tombés en désuétude. On ne sait même plus reconnaitre, nommer, désigner ces comportements, qui sont devenus de règle dans notre société.

 

Il reste des justes, mais ils ne tiennent pas le haut du pavé, ils ne le souhaitent d’ailleurs pas.

Reconnaissons avec Cicéron que nous avons les dirigeants que nous méritons.

Dieu reconnaitra les siens.

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                   SURESNES 28/01/2019-17/03/2020

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