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3 avril 2021 6 03 /04 /avril /2021 13:29

La « bonne éducation » a des détracteurs et leurs principaux arguments se fondent sur le caractère hypocrite des comportements, propos et attitudes qu’elle génère.

Je suis souvent surpris que la défense de l’éducation soit faible, peu développée et manque des principaux arguments qui permettent de l’apprécier.

En quoi la « bonne éducation » consiste-t-elle ? A quoi est-elle destinée ? Comment est-elle établie ? Est-elle enseignée ?

Le principe de la bonne éducation, qui constitue en même temps sa finalité, est de fixer les règles permettant d’avoir des relations harmonieuses en société. De nombreux ouvrages en traitent, depuis des temps immémoriaux, avec souvent des développements désuets et erronés.

Elle se fonde sur quelques règles de bases. Nombreuses sont celles qui ont été intégrées aux religions, comme les dix commandements, se retrouvent sous diverses formes dans la Tora, le Talmud, la Bible ou le Coran. Mais également dans le Bouddhisme, le Confucianisme, le Taoïsme. Et même dans l’Animisme.

Il existe un tronc commun. Que l’on retrouve couramment dans des adages, des aphorismes, dictons, proverbes et maximes, des formules rituelles ou sacramentelles, des prières, voire des lois.

« Tu ne tueras point » en fait partie. « Traite chacun comme tu voudrais qu’il te traite ». « La liberté de chacun s’arrête où commence celle des autres. » Il en existe une grande quantité, telle qu’il est difficile d’y trouver une cohérence. Les auteurs dits « moralistes », particulièrement du XVIIème siècle, Chamfort, Montaigne, La Rochefoucauld, La Bruyère, mais aussi La Boétie, Montesquieu ont un discours moralisateur. Comme l’auront ensuite, sous d’autres formes, La Fontaine, Corneilles, Racine, Molière, jusqu’à Victor Hugo, Balzac ou Zola.

Si nous parlons de « moralistes », il s’agit de morale, de notion du bien et du mal. D’une dimension spirituelle qui nous rapproche de la religion. Or notre sujet est l’éducation et plus particulièrement « la bonne éducation ». En fait nous avons trouvé son origine, la bonne éducation est une question de comportement. Et celui-ci peut être bon ou mauvais, s’orienter vers le bien ou le mal. Nous passons de la spiritualité à la relation humaine. Mais sans rompre le lien qui les unit. Car ce sont des règles morales qui permettent de construire un comportement approprié.  

Savoir si les religions y sont compatibles, l’histoire, l’actualité également, ont montré que ce n’était pas nécessairement le cas.

Ce qui manque à cet ensemble est surtout la cohérence. Souvent une certaine logique.

La « bonne éducation » ainsi définie comme ensemble de règle à fondement moral définissant le comportement social, « le vivre ensemble » pour reprendre la formule à la mode. Nous en venons à la confronter à l’hypocrisie.

Selon le dictionnaire de l’Académie Française, l’hypocrisie est un : « Vice qui consiste à affecter une piété, une vertu, une conviction qu’on ne possède pas. »

La bonne éducation ne consiste pas en cela. Il ne s’agit pas d’affectation, mais de comportements choisis pour ne pas provoquer des sentiments, ou émotions, désagréables à ceux que l’on rencontre.

Elle relève donc de la maîtrise de soi. Considérer qu’il est hypocrite de ne pas exprimer brutalement ses sentiments est un contresens. Néanmoins il peut être hypocrite de mimer des sentiments à l’opposé de ceux que l’on éprouve. Il s’agit ici seulement de la limite entre la bonne éducation et l’hypocrisie, pas d’une caractéristique de la première.

Il est un terme, malheureusement largement tombé en désuétude, alors que l’attitude et les comportements qui le caractérisent se sont largement développés, c’est la fourberie. On le remplace le plus souvent par le terme plus neutre de malhonnêteté. Or le véritable opposé d’honnête est fourbe. Voisin de la duplicité, mot également trop peu utilisé, alors qu’il correspond à la majorité des comportements sociaux actuels.

Là encore, les ennemis de la bonne éducation, vont tenter d’entretenir la confusion. Les discours politiques, ou la publicité en sont des formes paroxystiques. Au point pour les premiers de dire : « Que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. » Pour la seconde qu’un message publicitaire ne peut être considéré comme déceptif ou mensonger, (ce qui est interdit par la loi) à partir du moment ou une personne intelligente peut parfaitement se rendre compte du caractère irréel, du message ou des images présentés. Alors qu’il devrait être évident à chacun que l’objet est de provoquer une émotion et non de susciter une réflexion.

Le discours, qui constitue une partie du comportement social. De l’échange entre deux ou plusieurs individus, est sans doute le domaine de la plus grande dérive. Mais il mériterait à lui seul de grands développements qui n’ont pas leur place ici.

Car notre sujet est la relation humaine. Non pas la science, mais l’art du comportement. Et malheureusement, si nous consacrons du temps et des moyens à l’étude de la psychologie, de la psychanalyse ou de la psychiatrie, peu nombreux sont ceux qui s’intéressent véritablement à la relation sociale en tant que telle.

Or si nous analysons nos propres comportements, il nous est facile de nous rendre compte, que notre inconscient y joue un beaucoup plus grand rôle, que notre conscient. Il suffit pour cela d’être attentif à ce qui provoque nos émotions lors de nos rencontres. Consciemment, mais le plus souvent inconsciemment, nous serons sensibles à la vêture, à l’attitude, au sourire, au regard direct, à la parole assurée, de la personne que nous rencontrons. A l’image, à la forme du discours plus qu’au fond. Et pourtant, ne sont-ce pas des points que nous négligeons nous concernant ?

La maîtrise de soi, l’attention que l’on porte à sa présentation, à ses attitudes, à ses propos, non pas au regard de ce dont on a envie, ou de ce que nos émotions nous dictent, mais à celui de ce que nous provoquons chez autrui, est la bonne éducation.

L’hypocrisie est une autre dimension.

La vie n’est pas une chose naturellement agréable. Pour qu’elle le devienne, il faut y consacrer des efforts. Ce qui peut aboutir à un Art de Vivre.

 

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                  Suresnes, le 3 avril 2021

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18 mars 2021 4 18 /03 /mars /2021 09:08

Le sens des mots est remis en cause et se dégrade.

Il existe de nombreux d’exemples :

  • appeler les « voyous » de banlieue, des « jeunes, »
  • les « bonnes » ou « femmes de ménages » : « employées de maison, » voire « techniciennes de surface »
  • les « noirs » : « hommes de couleurs »,
  • les « violences » : des « incivilités »,
  • les « aveugles » des « non voyants »,
  • le « pouvoir » des « responsabilités »,
  • « l’uniformité », « l’égalité »,
  • « les impositions », des « contributions »…

Les exemples pourraient être multipliés à l’infini.

-     la forme interrogative n’est plus respectée,

-     la grammaire est abandonnée,   

-     les messages publicitaires détournent les mots par des slogans…

Cela porte le joli nom de « langue de bois », au départ, ce sont des euphémismes, des litotes, des « images », des artifices de langage destinés à ne pas choquer. Progressivement, cela devient une forme de dissimulation, de mensonge.

Le comportement social est, en même temps, la somme et l’interaction des comportements individuels. Le comportement individuel est le reflet de la pensée. Celle-ci s’organise et se structure par le langage. L’absence de maîtrise de la langue détermine, individuellement et collectivement des désordres du comportement.

En fait, toutes ces formules n’ont un seul but : masquer la réalité de faits.

A qui ?  Pourquoi ?

Les voyous, c’est, « soit disant » pour ne pas accroître leur exclusion, leur rejet de la société, celui-ci étant légitime, car elle ne les a pas gâtés. Pour atténuer le caractère péjoratif de leur situation. Afin de leur permettre d’être respectés.

C’est faux, la plupart, rejetant effectivement la société dont ils se sentent exclus, se moquent éperdument des termes dont on les qualifie. « Voyous » ou « jeunes » leur est parfaitement indifférent. Leur rejet de la société n’en est ni plus, ni moins légitime. Les autres, ceux qu’ils rejettent, dont ils sont envieux, jaloux, n’étant pas : « gâtés par la société », mais par leurs parents, leur famille, leur milieu, leur éducation.

Leur rejet de la société s’adresse d’abord à leurs parents, leur famille, leur milieu, dont ils voient, particulièrement dans des journaux et des séries télévisés : qu’ils sont défavorisés. En d’autres temps, cela incitait à développer des ambitions, l’envie de sortir de sa condition. Actuellement, la prépondérance, la mainmise de l’état, la répression, le fonctionnement de la société, le manque de fraternité, la mondialisation et la perspective du chômage, déterminent un désespoir de ne pouvoir sortir de cette situation.

Pour les bonnes et femmes de ménage, ce qui est actuellement dégradé, ce ne sont pas seulement les mots, ce sont les réalités de la fonction. Il n’est pas considéré comme valorisant de faire le ménage, d’être une femme au foyer. Ce qui est apprécié, c’est d’être une femme libre, active, qui travaille à l’extérieur. Ce modèle de femme est surtout valorisé par la publicité. Ce sont de bien meilleures consommatrices que les femmes au foyer. A cela de multiples raisons :

  • elles disposent de leurs propres revenus, n’ont donc pas besoin de demander à leurs maris,
  • travaillant, généralement à plein temps, elles n’ont pas, comme les femmes au foyer, le temps de faire les choix, de rechercher les meilleurs rapports qualité-prix, elles sont donc beaucoup plus influençables par la publicité : globalement : de bien meilleurs consommatrices.

Faire le ménage chez les autres est considéré comme une activité dégradante, qui n’est exercée que par celles et ceux, qui ne trouvent aucun autre moyen d’existence.

En réalité, c’est une activité enrichissante, valorisante, qui participe de plusieurs valeurs. Elle concerne d’abord l’hygiène et la propreté, ensuite l’ordre, le classement qui permet de savoir ce que l’on a et de retrouver facilement les objets : « Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ». Enfin, elle participe de l’art de vivre, de la convivialité, de l’art de recevoir, de la décoration, des arts de la table, de l’élégance, de la grâce, par l’entretien des vêtements. C’est une noble tâche, qui devrait être réalisée en famille.

Les noirs, pourquoi les appeler « hommes et femmes de couleur » ?

Les noirs ont été appelés ainsi par opposition aux blancs.

Cette opposition se trouve caractérisée, focalisée, sur l’esclavage des noirs par les blancs.

Il existe un complexe de culpabilité latent, fondement de racisme, à la fois chez les noirs et chez les blancs, né de cette focalisation.

L’expression « hommes de couleur » est un euphémisme, un artifice pour masquer ce complexe.

En réalité, on sait maintenant, que l’esclavage n’a pas été le fait des seuls blancs. Que des noirs ont contribué, quand ils n’étaient pas à l’origine par des conflits, des combats, aux déportations ayant abouti à l’esclavage.

En outre, en d’autres temps, en d’autres lieux, des blancs ont été réduits en esclavage. Moins nombreux, plus ou moins anciens, moins connus.

Il fût un temps ou l’on désignait, ceux qu’on appelle aujourd’hui asiatiques, sous la dénomination de « jaunes ».

Il suffit donc d’utiliser les termes d’africains et d’européen, ce que certains font déjà. Ce n’est pas entièrement exact. Il existe des asiatiques et des africains nés en Europe, il existe et il existera de plus en plus d’européens, nés en Asie et en Afrique. Cela permet, au moins temporairement, d’échapper au dilemme de l’opposition : « noirs - blancs », et à son contenu historique de prétendue supériorité et des complexes en découlant.

Changer les mots est une façon de dissimuler les problèmes, un artifice pour n’avoir pas à les résoudre.

Traiter les violences et les destructions d’incivilités a pour but d’atténuer la responsabilité des dirigeants dont l’imprévoyance, les erreurs, les fautes, sont à l’origine. Masquant la gravité de la situation, cela permet d’éviter d’y faire sérieusement face.

Les « non voyants » paraissent-ils moins handicapés que les «  aveugles » ? En quoi ce terme est-il choquant ? Doit-on appeler les paralysés des « non mobiles » ? Nier la réalité, la dissimuler ne leur rend pas service. L’effet est même généralement inverse.

Les dirigeants, qui accèdent au « pouvoir », se font soit disant confier des « responsabilités », que personne n’assume en réalité, puisque la responsabilité consiste à devoir réparer les dommages causés, ce qu’ils ne font jamais.

Dans la plupart de domaines, et notamment au regard de l’administration, on ne connaît plus le sens du mot égalité, la déclaration des droits de l’homme parlant d’égalité « en droits », et parce que c’est plus facile, plus simple à contrôler, on substitue « l’uniformité » à « l’égalité ».

La même déclaration des droits de l’homme définit l’obligation pour le citoyen de « contribuer ». Rechercher une véritable « contribution », qui serait l’expression des compétences et des désirs de chacun, serait accorder une liberté, une réduction des pouvoirs des dirigeants, imposer, contraindre, réprimer par « l’imposition », assure à ces même dirigeants un pouvoir de coercition, un contrôle, et par là le moyen d’exercer seuls les choix et de les « imposer ».

Si ces exemples sont les plus caractéristiques, de la dégradation du sens des mots et de la langue, il en existe beaucoup d’autres.

En grammaire, l’abandon de la forme interrogative : l’inversion, réduit le champs des réponses possibles. L’affirmation dont le ton est interrogatif, fournissant potentiellement une réponse ne donne d’autre choix que d’adhérer ou de rejeter, déterminant un comportement de domination - soumission.. Ceci apparaissant désormais dans toutes les classes ou toutes les couches de la population.

On reproche aux jeunes de banlieue de ne s’exprimer qu’avec 2500 mots, les journalistes et les hommes politiques, n’en utilisent pas beaucoup plus. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes. C’est supposé leur permettre d’être compris par le plus grand nombre. En réalité, cela aboutit à un nivellement par le bas (Peut-on niveler autrement ?). Dans l’histoire, cela a toujours été utilisé comme un mode de domination. L’abrutissement des masses. C’est encore le cas aujourd’hui.

Cette dégradation donne des formulations horribles à entendre :

«  On peut faire quoi, pour vous aujourd’hui ? »

donnerait en bon français :

« Que pouvons nous faire, pour vous, aujourd’hui ? », qui est tout de même beaucoup plus élégant, agréable et valorisant pour l’auditeur.

Dans le domaine de la politesse, la situation paraît désespérée :

En cas de gêne ou de trouble apporté à un tiers, la politesse et le bon français, supposeraient de dire : « Je vous prie de m’excuser. »

Les personnes qui simplement demandent « pardon », ou « excusez moi », paraissent d’une grande finesse, le plus courant étant : « Je m’excuse ! », à quoi je réponds habituellement : « Pas moi. », en étant rarement compris.

Le comportement actuellement le plus répandu étant : « Chacun pour soi et Dieu pour tous ». Lorsqu’au seuil d’une porte, on s’efface pour laisser passer une dame ou une personne âgée, la plupart des personnes à proximité se précipitent, bousculant éventuellement le bénéficiaire de la galanterie, pour passer les premiers.

Ce type de comportement, agressif, violent, est une manifestation du rapport de compétition qui a remplacé la fraternité.

La devise qui orne le fronton de la république comprend la fraternité. « Lien unissant des êtres qui, sans être frères par le sang, se considèrent comme tels. » pas la compétition : « Rivalité entre des personnes ou des groupes de personnes en vue d'obtenir une dignité, une charge, une fonction et, par ext., un avantage… »« Extraits du Dictionnaire de l’Académie ».

Les notions, les termes, paraissent tellement opposés, qu’ils en deviennent contradictoires et incompatibles.

L’idée qui s’est substitué à la politesse est le respect. Il semble que tout le monde veut en recevoir et que personne ne veuille en donner. Ceci repose sur une confusion. Le respect se manifeste par la politesse. Il s’obtient par l’échange et non par le mérite, encore moins par la force ou la contrainte. Ces derniers permettent d’obtenir des signes d’allégeance, que certains confondent avec les marques de respect, qui s’étonnent de leur disparition, pourtant inéluctable, avec celle du lien de dépendance.

Beaucoup de termes ont subi une sorte dévalorisation historique. Celui de « collaboration » qui reste marqué par son usage pour qualifier ceux qui ont collaboré au régime Nazi. Son sens réel est (cf. dictionnaire de l’Académie) : « fait de travailler avec une ou plusieurs personnes à une œuvre commune. » Ce qui est plus proche de la fraternité, que de la compétition.

L’expression : « travail, famille, patrie » a également été marquée par le régime de Vichy, ses termes n’en restent pas moins des valeurs fondamentales, mais oubliées, de notre société.

La nature et le naturel ont, comme beaucoup d’autres termes, été « dévoyés » par la publicité. A un point tel qu’un nouveau terme a été créé pour les remplacer qui est : « l’écologie », généralement utilisé au sens de respect de la nature, « écologique » pour naturel, alors que son sens est : « Étude des conditions nécessaires au développement harmonieux des êtres vivants : mesures propres à assurer la survie des espèces existantes, élimination des facteurs qui menacent l'équilibre biologique… » (cf. dictionnaire de l’Académie Française). 

L’action la plus destructrice, la plus dommageable pour la langue, semble provenir de la publicité. En principe, il lui est interdit d’être mensongère ou déceptive. (Articles L 121-1 et suivants du code de la consommation) En fait, il est presqu’impossible de trouver un message publicitaire qui ne le soit pas. Principalement au regard des résultats à attendre des produits. Afin d’éviter de tomber sous le coup de la loi, les publicitaires s’abstiennent de mentions qui seraient expressément fausses ou mensongères, au moins sur le plan de la « raison » ou du « conscient ». Pour obtenir le même résultat, d’une façon qui s’avère encore plus efficace, ils s’adressent à « l’inconscient ». Montrant des situations impossibles, utilisant des termes dans des sens figurés, des allégories, des euphémismes, la plupart des formules de rhétorique. Tout ceci est faux, mensonger, trompeur, c’est toléré parce que « personne de raisonnable ne pourrait s’y laisser tromper ». C’est faux, si c’était effectivement le cas, les publicitaires n’utiliseraient pas ces méthodes. En outre, cela affecte le sens des mots. Ceux-ci restent marqués par les messages publicitaires auxquels ils contribuent, les déformations ne se limitant pas au sens des mots, mais portant sur l’ensemble de la langue, la grammaire, la dialectique. Il arrive que des messages publicitaires soient présentés comme des arguments.

La maîtrise du comportement, individuel ou collectif, repose sur un système de valeurs, elle est le reflet de la pensée, celle-ci est organisée, structurée par la langue.

Il est impossible de maîtriser son comportement, si l’on ne maîtrise pas sa langue et sa pensée. A une langue primitive correspondent des pensées et des comportements primitifs.

Les confusions et les contradictions qui existent dans certains mots, se reflètent dans la pensée, et s’expriment dans les comportements individuels et sociaux.                         

                                                                       Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                       PUTEAUX, du 6/10/ 2006 au 24/05/2007

 

 

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11 décembre 2020 5 11 /12 /décembre /2020 03:22

Les allemands ne sont pas les seuls à considérer que nos mesures anti-covid sont absurdes.

Nous sommes assez nombreux dans ce cas.

Et pour arriver à ce constat, proposer d’autres mesures, il suffit de faire appel à la logique et à la cohérence.

 

Si l’on veut réduire la densité, pour une même quantité, il faut augmenter l’espace, pas le réduire. Il en va de même pour la durée, si l’on veut accroitre la fluidité, il faut prolonger et non raccourcir.

 

Chacun a pu constater, lors de l’instauration du couvre-feu, que dans les heures précédant la fermeture, les voyageurs étaient beaucoup plus nombreux dans les transports en commun. Habitant devant un arrêt de bus, je les voyais tous bondés, certains ne s’arrêtant même pas, incapables d’accueillir un seul passager supplémentaire. Ceux-ci étant tassés à un point tel qu’aucune distanciation n’était plus possible. En contrepartie, dès l’heure du couvre-feu, tous les bus étaient vides, ou ne transportaient qu’un ou deux voyageurs.

 

Pour les commerces et, en particulier les bars et restaurants, les fermer consiste à réduire l’espace d’alimentation disponible. La conséquence en est la constitution de queues, là aussi denses et sans distanciation, devant les établissements de vente à emporter. Les trottoirs étant submergés, le passage supposant de traverser une foule, d’une densité jamais rencontrée auparavant.

 

Une bonne analyse dessine toujours une solution.

 

Et celle-ci se trouve à l’inverse des mesures prises. Il faut augmenter les espaces et prolonger les horaires. Permettre aux commerces, aux activités, aux salles de sports, d’ouvrir 24 heures sur 24.

Et limiter le nombre de participants, de clients présents au même moment.

Réduire la fréquentation pour permettre la distanciation est logique. Fermer les établissements au sein desquels la promiscuité est la règle pourrait l’être aussi. Prendre ces deux mesures en même temps n’est pas cohérent. Il s’agit de l’application de deux logiques contradictoires.

De telles mesures, outre qu’elles remettraient au travail de nombreuses personnes, pourraient permettre de créer des emplois, personne ne pouvant travailler jour et nuit sans interruption.

 

Pourquoi de telles mesures ont-elles été prises, alors que cette incohérence saute aux yeux de beaucoup de nos concitoyens n’ayant pas suivi les hautes études des dirigeants ?

 

La raison en est simple. C’est par défiance envers la population et une conséquence de la « politique-spectacle » au sein de laquelle nous vivons. En effet, les mesures proposées ne pourraient être efficace qu’à condition que la plupart de nos concitoyens fassent preuve de civisme et appliquent les mesures. Il serait impossible aux forces de l’ordre d’en contrôler l’application 24 heures sur 24. Et les dirigeants se méfient de la population. C’est, de leur part une réaction naturelle, sachant qu’ils sont conscients de la faible, voire l’absence, d’efficacité des mesures prises. Mais ceci est largement amplifié, voir exacerbé par les medias. En effet, ceux-ci ne relaient jamais l’histoire des 99% de la population, justement sans histoire, qui respecte la règle. Par contre, les quelques cas, voire le cas unique, ou celle-ci est violée, fait la Une de la presse, est relayée jusqu’à la nausée par tous les medias, faisant de la surenchère, dans leur course à l’audience. Et aux recettes publicitaires qui en dépendent.

 

Contrairement à ce qui est prétendu, professé, prôné, la confiance ne se gagne pas par le mérite. Elle s’obtient par une relation d’échange équilibré. Nous faisons confiance à ceux qui nous font confiance, qui le manifestent par leur comportement. Nous nous défions naturellement de ceux qui ne nous font pas confiance, qui manifestent de la suspicion, qui veulent tout surveiller et contrôler..

 

En conclusion, nous dirons que des mesures efficaces pourraient être prises, à l’inverse de celles en vigueur. Mais que celles-ci reposeraient sur le civisme de la population, dont le goût pour le spectaculaire ne laisse rien augurer de bon.

 

Nous n’avons pas seulement les dirigeants que nous méritons, nous avons également des règles qui sont le reflet de nos comportements.

 

Nous sommes bien en « absurdie ».

 

 

                                                                                              Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                              Suresnes , le 11 décembre 2020

 

 

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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 15:23

Si l’on se fie au code civil, le droit de propriété a peu évolué en France au cours du XXème siècle.

Dans la réalité, il a connu des changements profonds d’une envergure jamais connue dans l’histoire de l’humanité. Et ce, pas seulement en France, mais dans le monde entier. Sans que quasiment personne ne le dénonce, ou ne le remarque.

Partons d’un exemple simple, le solde figurant sur notre compte bancaire. Il s’agit d’une valeur monétaire, un certain nombre d’euros, de dollars, de francs, roubles, yuan, dont nous sommes seuls propriétaires. En principe, à tout moment, nous avons le droit d’en user, l’utiliser pour nos achats, nos dépenses. D’en recueillir les fruits, les intérêts s’ils en génèrent. D’en abuser, de le dilapider, de bruler les billets ou faire fondre les pièces.

Est-ce vraiment tout ? Non, la banque, en principe simple dépositaire, calcule qu’à telle ou telle époque du mois, de l’année, l’ensemble des dépôts de ses clients représente systématiquement un certain montant. Etant sûre de le détenir, elle consent à d’autres clients, voire aux mêmes, des prêts. Elle prête donc de l’argent dont elle est seulement dépositaire, en fait un usage qui s’avère être en fait un démembrement du droit de propriété. Bien sûr, ce type d’opération générant des risques, défaut de remboursement de l’emprunteur, utilisation excessive … Ont entrainé une règlementation, nationale, européenne, internationale et professionnelle par les syndicats bancaires. Il n’en reste pas moins que la banque exerce une partie du droit de propriété, sur les fonds qu’elle détient.

Ce qui est assez simple pour des sommes déposées en banque, devient infiniment plus compliqué lorsqu’il s’agit de titres, d’actions, d’obligations. D’autant plus que les banques ont introduit une multitude d’intermédiaires dans les opérations. Rares sont les personnes ou les entreprises qui détiennent des actions « en direct ». Sous le prétexte de sécuriser, de diviser, voire mutualiser les risques, il a été constitué, sous diverses formes juridiques, « des portefeuilles ». Au lieu d’acheter une action de telle ou telle société, on acquiert un titre qui représente une gamme d’actions. Dont il est dit que les destins divers permettent un arbitrage et réduit le risque de l’investisseur. C’est sûrement partiellement vrai, dans de nombreux cas. Ce qui est toujours vrai est que chaque opération, chaque structure, chaque intermédiation, relai, prestation … permet de percevoir des commissions et honoraires. En outre cela aboutit au fait que plus personne ne sait qui est propriétaire de quoi. Qu’au sein des sociétés, il n’existe quasiment plus aucun véritable actionnaire. Que ceux qui sont censés les représenter sont des financiers, mandataires de mandataires, ne sachant pas pour le compte de qui ils agissent et n’ayant plus d’autre souci que la rentabilité à court terme.

Il est de notoriété publique que parmi les « gros actionnaires » figurent ce qui est généralement appelé des « fonds de pension », équivalents de caisses de retraites. Qu’il est dès lors parfaitement possible que les fonds cotisés par un salarié en vue de sa retraite, soient utilisés dans une spéculation, qui aboutira au démantèlement de la société qui l’emploie et à son licenciement. Sans que lui, ni celui qui l’a représenté, n’en sachent jamais rien.

Le domaine de la bourse et de la finance est un exemple assez simple à appréhender. Mais en fait le phénomène affecte la quasi-totalité des activités humaines. La santé, l’alimentation, le logement, sont affecté, selon des processus différents, mais qui portent tous atteinte au droit de propriété des citoyens. Et le droit de propriété, comme l’avait progressivement découvert Pierre-Joseph Proudhon, fait partie de l’essence de la liberté. Sans propriété individuelle, il ne peut pas y avoir de liberté individuelle.

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                  11/07-23/10/2020

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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 13:15

Nos gouvernants et administrations parviennent encore à me surprendre dans la conception et la mise en œuvre de systèmes et de mesures inefficaces.

Le « couvre-feu » supposé réduire la diffusion du COVID 19, nous en donne un nouvel exemple.

 

La mesure mise en œuvre consiste, comme le savent ceux qui y sont soumis, à devoir rentrer chez soi et cesser toute activité collective, autre que familiale, à partir de 21h. Bien évidemment les bars, restaurants et nombre de petits commerces, déjà gravement atteints par les mesures de confinement, en souffrent énormément et nombreux sont ceux dont les finances ne s’en relèveront pas.

 

Comme c’était parfaitement prévisible, donc prévu par les gouvernants et les administrations, il n’est possible pour personne de rayer d’un trait de plume tout ce qu’il accomplissait jusqu’à 23h, minuit, voire au-delà. Chacun s’efforce donc, au sortir du travail, de l’école, du lycée … de faire entre 18 et 20h ou 20h30, en réservant le temps nécessaire à rejoindre son domicile, tout ce qu’il a à faire à l’extérieur. Les magasins sont submergés, les transports sont bondés, au point de voir passer des bus qui ne s’arrêtent plus, ne disposant d’aucune possibilité d’accueillir une seule autre personne.

 

En outre, du fait des mesures de confinement, des instructions de « distanciation », un certain nombre de restaurants, ceux dont la configuration et les moyens le permettaient, ont pris des mesures. Ecartement et réduction du nombre de tables dans certains restaurants et bars. Accès limité et mesures d’écartement dans les commerces. Sièges mentionnés inutilisables et signes au sol matérialisant les distances d’écartement dans les transports. La conséquence, qui peut sembler évidente à chacun, est une prolongation des opérations, des services, pour traiter le même nombre de personnes.

 

Le seul petit problème étant que les deux catégories de mesures sont en parfaite contradiction. Ce qui semble une évidence, avant même que les mesures soient mises en application. Décider néanmoins d’y avoir recours donne deux sens d’interprétation possible. Soit ceux qui ont pris ces mesures souffrent de troubles du raisonnement et il est urgent de confier la solution de ces problèmes à d’autres. Soit c’est un choix délibéré ayant pour objectif d’aggraver la situation afin d’en tirer un avantage. Accroissement de nombre de malades, de faillites, de chômeurs entraînant une réduction des libertés, justifiant des mesures de plus en plus coercitives.

 

L’échec des mesures prises étant patent. Augmentation du nombre de malade, de chômeurs de faillites, certains pourraient envisager de changer de stratégie, de prendre d’autres types de mesures.

 

Ce n’est pas le choix de nos gouvernants. Comme ces mesures sont inefficaces, il est question de les renforcer. D’avancer l’heure du couvre-feu, d’appliquer avec plus de rigueur l’ensemble des mesures en vigueur.

 

J’en suis consterné !

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                  Suresnes le 23 octobre 2020

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18 septembre 2020 5 18 /09 /septembre /2020 05:16

Existe-t-il un seul autre mot de la langue française qui puisse regrouper autant de sens, de significations différentes, que le mot Amour ?  Déjà qu’il ait, ou pas, une majuscule va définir deux catégories. Les grecs utilisaient trois mots principaux : eros, agape et philia et cinq mots secondaires : ludus, mania, philautia, pragma, storgé et xenia pour exprimer l’ensemble des sentiments que nous regroupons, confondons ainsi.

 

Ces mots grecs ont essaimé en français,

 

Pour Eros, nous avons l’érotisme. Que l’on assimile trop souvent à l’amour physique, à la sexualité, alors qu’il relève plutôt de la séduction. Qui provoque le désir, par opposition à l’amour platonique, considéré comme plus éthéré, spirituel sans attraction physique. Une sensibilité à la beauté, une émotion esthétique. Eros, dieu de l’amour et du désir amoureux. Personnifié par un jeune homme qui, comme les angelots du XVIIIème siècle, décoche des flèches qui transmettent l’amour. La blessure de la passion amoureuse inassouvie.

 

Pour agape, nous avons l’agape ou les agapes. Réunion conviviale, le sens pouvant être de l’amour convivial, ou d’amour de la convivialité. Plus proche de l’amitié en français. En grec il s’agissait de l’amour divin, inconditionnel, absolu. Qui a donné son nom au repas des premiers chrétiens, dont le sens s’est progressivement élargi jusqu’au repas copieux et joyeux entre amis.

 

Pour philia, nous avons l’amour filial, la filiation. L’amour que porte un enfant à ses parents. Qui me semble, pour l’avoir expérimenté moi-même, assez différent de l’amour fraternel qui comporte une dimension d’égalité, alors que l’amour filial comporte une dimension de respect hiérarchique de l’enfant vers le parent.

 

Ludus, goût du jeu, amour ludique, désir de s’amuser, les jeux de l’amour et du hasard. Fleureter, aller de fleur en fleur, adopté par l’anglais avec un « i » à la place du « eu », le flirt. La quête, la recherche de l’amour, la tentative, l’essai, en font partie. L’échec y est sans conséquence. La réussite amenant à passer à d’autres catégories.

 

Mania, qui donne en français maniaque. La manie, l’obsession. C’est la passion qui relève du trouble mental. Qui détermine des troubles du comportement. Peut effrayer à la fois celui qui en est l’objet et celui qui l’éprouve. Entraine un besoin de contrôle, voire de possession.

 

Philautia, amour de soi, amour propre, une haute idée de soi-même. Qui peut mener à la vanité, à l’égoïsme, mais peut également avoir un côté positif. Il faut être capable de s’aimer pour pouvoir aimer les autres. En outre, c’est le sentiment qui incite à se dépasser, à être meilleur, sinon le meilleur.

 

Pragma, qui a donné en français pragmatique est orienté vers l’action pratique, réaliste et concrète. Pragmatisme, qui se fie à l’expérience, à la réalisation concrète, qui ne se fie pas à une théorie ou une idéologie. Le sentiment restant lui-même dans la réalité concrète, sûr, stable, pérenne.

 

Storgé est en sens inverse de philia, amour du parent pour son enfant. Amour maternel ou paternel. Qui comporte une dimension de protection, de soin de l’adulte envers l’enfant. Celui-ci pouvant perdurer lorsque l’enfant murît.

 

 

Xenia, qui en constituant la racine, pourrait être décrit comme xénophile, à l’opposé de xénophobe plus souvent utilisé. Accueillant, hospitalier, qui a de la sympathie pour les étrangers. Qui apprécie les différences de mœurs et de culture. Cette tendance est généralement associée à générosité et courtoisie.

 

De nombreux mots évoquent l’amour, à base de phile, comme philosophie, qui aime la sagesse. Mais nous trouvons aussi drosophile, insecte qui aime la rosée. Le phylloxera, puceron ravageur de la vigne.

 

A base d’amou, comme amoureux, amourette, amouracher, d’ama, comme amant, amateur, mais il y en a de nombreux autres dont le sens ne correspond en rien à l’amour. 

 

Que peut-on conclure de cette analyse ? Que l’amour n’est pas seulement un enfant de bohême qui n’a jamais connu de loi ? Que la diversité des sentiments exprimés peut manifester une grande confusion, dans les esprits et dans les mœurs ?

 

Si l’on en juge par le nombre de femmes violentées par leurs conjoints ? Par le nombre de crimes commis au nom de l’amour ? Individuels, pour « l’être aimé » ou contre lui ? Au nom de l’amour de la patrie ? En Allemagne, au Viêt-Nam … ? Dans tellement d’autres domaines, lieux, temps … Pour un seul mot !

 

Ou plutôt par les œuvres poétiques, romanesques, théâtrales ?

 

Savons-nous vraiment ce que nous disons, ce qui est entendu, quand nous disons : « Je t’aime » ?

 

 

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

 

                                                                                  27/04 – 18/09/2020

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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 07:34

Dans la presse, dans les débats, dans de nombreux livres et articles, il est question de paradis fiscaux. Mais l’enfer fiscal, pour être exact, les enfers fiscaux, ne sont pas un sujet. Ceci me surprend et c’est un manque auquel il me semble nécessaire de remédier.

 

En effet, le paradis ne peut exister que par rapport, par référence et opposition, à l’enfer. Comme le bien ne peut exister que par rapport au mal. S’il existe des paradis fiscaux, dans lesquels se réfugient certains, ce n’est pas à leur décès, en récompense de bienfaits accomplis dans le monde d’en bas. Mais pour échapper à un vécu infernal.

 

Ce qui nous amène à rechercher la démarche satanique qui y préside. Et ce qui est curieux est que ce vécu considéré comme infernal par les uns, est accompli au nom de la justice, des plus grandes valeurs morales, par les autres. Comme dans les guerres, personne ne prétend se battre au nom du mal. Chacun prétend défendre le bien. Et c’est dans la définition de celui-ci qu’apparaît le conflit. Les Nazis, nationaux socialistes allemands, considérés comme les plus grands criminels, avec les chambres à gaz, camps de concentration, Waffen SS, ont effectivement commis des atrocités. Qui sont présentées, exposées, détaillées pour représenter l’incarnation du mal. Pourtant Hitler et ses collaborateurs avaient hérité d’un pays ruiné. Exsangue ou une inflation galopante menait à la misère une grande partie de la population. Et au nom de l’avènement d’un homme nouveau, d’un arien, grand, blond aux yeux bleus, sportif, dévoué à sa patrie, sobre, respectueux et discipliné, ils avaient relevé le pays, lui donnant un nouvel élan. Construit sur de nouvelles valeurs déterminant de nouvelles règles de vie, un fonctionnement différent de la société. Bien sûr il y eu des oppositions, progressivement réprimés dans le sang. Que nous appelons les résistants, mais qu’ils qualifiaient de vulgaires terroristes. Qui s’expatriaient pour échapper à ce nouveau régime. Je pourrais décrire le régime soviétique à peu près de la même façon. Ils se considéraient et l’essentiel de la population autour d’eux, comme les champions du bien. Ils ne sont devenus de grands criminels et les champions toute catégories du mal, qu’après avoir été vaincus.

 

Me suis-je écarté de mon sujet ? Qui est, reste l’enfer fiscal. Si l’on en croit Jean Paul Sartre, l’enfer, c’est les autres. Dans ce cas, où se situe le paradis ? Supposons que l’on supprime « les autres », seulement par la pensée. Cela me semble suffisant. Que nous reste-t-il ? La solitude peut-elle être le paradis ? Pour y échapper, sans les autres, il faut que je me multiplie. Que je peuple le monde d’être parfaitement semblables à moi. Qui se conduirons comme moi. Qui penseront rigoureusement de la même façon. Dans les mêmes conditions, aux mêmes moments. Je peux l’imaginer, mais la dimension paradisiaque en est absente.

 

Bien sûr, les schémas que je présente sont caricaturaux. Mais ils ne sont en fait que la forme exacerbée des sentiments et idées, qui fondent les mythes des systèmes paradisiaques ou infernaux que nous imaginons.   

 

Le paradis fiscal est un lieu ou un entrepreneur, une entreprise, plus souvent un établissement financier ou un intermédiaire, peut domicilier des affaires (qui peuvent n’être que des mouvements financiers) en ne subissant, de la part des autorités locales, pouvoirs publics, administrations, que des prélèvements considérés comme « légers ».

 

A l’inverse, l’enfer fiscal est un lieu, généralement (mais pas nécessairement) un pays ou une nation ou le montant des prélèvements opérés par l’état, les administrations, les collectivités, est considéré comme « confiscatoire ».

 

Bien sûr, il est ici question de « perspective », la façon de considérer ces critères serait très différente entre un dirigeant d’entreprise, un financier, un militant communiste ou socialiste et un agent du fisc. En fait, seuls les deux premiers seraient susceptibles de considérer l’existence d’un « enfer fiscal ».

 

L’entrepreneur, le dirigeant d’entreprise, le financier, l’homme d’affaires, n’exerce cette fonction que dans l’objectif de gagner de l’argent. C’est ce qu’il en attend et c’est ce que son entourage attend de lui. Il peut, dans d’autres domaines, comme père de famille, ami, mécène, sportif, artiste, avoir d’autres systèmes de valeurs. Mais pas dans les affaires. Le gain financier est le critère de réussite, son absence, voire son insuffisance, sont considérés comme un échec. Et la progression hiérarchique, voire le simple maintien à son poste sont à ce prix. (Sauf dans les administrations et sociétés contrôlées par l’état, où se pratiquent les « parachutes dorés ».)

 

Le gain étant acquis, il faut en considérer le partage. Et contrairement aux idées reçues, personne ne choisit seul les conditions et modalités du partage. Tous ceux qui y ont contribué considèrent avoir un droit, ne serait-ce que de regard, sur les conditions, modalités et bénéficiaires du partage. Et la stratégie, les choix, auront une incidence sur l’avenir de notre homme d’affaires.

 

Il est assez facile de justifier l’attribution d’une part, éventuellement importante, du gain à ceux qui y ont contribué. Il devient beaucoup plus difficile d’accepter que bénéficient du partage ceux qui ont nuit. Qui ont rendu les choses difficiles, compliquées, ont mis « des bâtons dans les roues ».

 

Or il faut bien admettre qu’en France, les autorités, les administrations en général, sont plutôt considérées comme nuisibles que favorables aux affaires. Que lorsqu’une démarche est nécessaire, pour l’obtention d’une autorisation, d’un accord, parfois d’un simple document, le service concerné s’évertue de toutes les façons possibles à chercher le moindre prétexte pour rendre difficile, retarder, refuser le document ou le service nécessaire.

 

Pourtant, en considérant les choses objectivement, toutes les entreprises bénéficient largement d’infrastructures développées, transports, voieries, transmissions, réseaux, soins, logements … Dont le développement et l’entretien sont assurés par les services publics.

 

C’est sans doute pour beaucoup une question de mentalité des agents des services publics. Due pour une bonne part à un manque de valorisation sociale déterminé par la concentration et la centralisation des pouvoirs. L’excès de hiérarchie bureaucratique.

 

Ce sont ces démarches accomplies par leurs auteurs comme bénéfiques, ressenties par leurs assujettis comme sataniques, qui déterminent la fuite de ces damnés vers les paradis fiscaux.

 

Ce n’est bien sûr pas la seule démarche possible et nombreux sont ceux qui font d’autres choix. Je vais prendre un exemple au hasard : le mien. Sans doute n’est-il pas le plus caractéristique, mais il présente l’avantage que je le connaisse complètement. Ce qui n’est le cas d’aucun autre. A mes débuts, comme jeune stagiaire d’un cabinet d’avocat, (au début des années 1970) mon bon Maître se plaignait de ce que les impôts et charges qu’il avait à acquitter représentent 25% des honoraires qu’il percevait. Alors qu’il se souvenait d’une époque où ces prélèvements ne représentaient que 5%. Lorsque j’ai fermé mon cabinet en 1998, le taux des prélèvements s’élevait à 85%. C’est-à-dire qu’il fallait que j’encaisse 1.000 F d’honoraires pour qu’il m’en reste 150. Bien que ceci n’ait pas été la raison de la fermeture, c’est ce qui m’a soulagé et même rendu heureux de le faire. Autant que je puisse le savoir, nombreux sont ceux qui préfèrent limiter, voire réduire leur activité et la production de richesse, plutôt que de devoir s’échiner pour se faire confisquer le prix de leurs efforts.

 

Il me semble qu’un Président de la République, sans doute plus conscient que d’autres de ce problème, avait voulu mettre en place un plafonnement des prélèvements à 50 %. Encore ce taux ne prenait-il pas tout en compte. Pour ceux qui sont éloignés de ces préoccupations, je signale que c’est le taux maximum acceptable. Qu’au-delà, il existe toujours des moyens de l’éviter et que son dépassement entraine toujours une baisse des recettes, d’autant plus forte que l’est l’augmentation des taux. Contrairement au mythe, le rendement d’un impôt n’est pas directement proportionnel à son taux.

 

J’en veux pour exemple la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés qui avait plus rapporté lorsqu’il avait baissé à 25 %, que les années précédentes, où il était à 50 %.

 

Il est de bon ton et l’on entend en permanence dans les débats, vilipender ceux qui utilisent les paradis fiscaux. Proposer des mesures pour l’empêcher ou le combattre. Ce depuis des dizaines d’années avec une efficacité le plus souvent négligeable.

 

Peut-être serait-il temps de prendre en considération les causes, au lieu que de ne jamais traiter que les conséquences ?

 

Passer de l’enfer au purgatoire ? Ce n’est sans doute pas simple, mais encore faudrait-il le vouloir.

 

On dit qu’il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Comment résoudre des problèmes dont on nie l’existence ?

 

L’Enfer vous salue bien !

 

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                  Suresnes 05/06-11/07/2020                                     

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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 04:55

A la suite de la pandémie du coronavirus, qui a montré que le personnel soignant était sous-rémunéré, au regard de son dévouement et du service rendu, un débat est ouvert sur la réévaluation de ses rémunération, qui donne lieu à des polémiques.

 

La présentation qui est faite de la situation est faussée. Notamment par le fait qu’il n’existe, dans la plupart des comptes, présentés et même existants, aucune distinction entre le coût réel des soins et les coûts administratifs. Dont une grande partie est dissimulée par la façon dont ils sont tenus, affectés, traités et interprétés. Dans les comptes sociaux, dans les comptes publics et même dans ceux des entreprises.

 

Et si l’on veut bien en faire l’inventaire et l’analyse, il s’avère que les coûts administratifs du système de santé dépassent maintenant largement le coût réel des soins. Que pour réduire le coût global et permettre une plus juste rémunération du personnel de santé, il suffirait de réduire ces coûts administratifs.

 

En premier lieu, il faut considérer la complexité de l’acquisition des droits. Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer la complexité des bulletins de salaires et déclarations effectuées par les entreprises en 2020 à ce qui existait dans les années 1950-1970. Le nombre d’écritures a plus que décuplé et, bien évidemment, chaque écriture se trouve reprise plusieurs fois, par l’entreprise, par les différentes caisses et organismes qui gèrent les cotisations et le système, le recouvrement, l’acquisition des droits et leur application. Ceci représentant chaque année, des dizaines de milliards d’écritures, établies par des comptables, révisées par des experts-comptables, vérifiées par des commissaires aux comptes, contrôlées par des contrôleurs et inspecteurs des impôts, collationnées par des receveurs et appliqués par des agents … Cet inventaire n’étant même pas exhaustif.

 

L’ensemble de ces travaux administratifs a-t-il une utilité réelle ? Lorsqu’une personne a besoin de soins, qu’elle se présente chez un médecin ou à l’hôpital, si elle bénéficie d’une couverture sociale, dispose d’une « carte vitale », elle sera traitée de la même façon. Donc, à cet égard, il n’en a aucune.

 

Considérant le financement du système social, le problème peut sembler plus complexe. En effet, en théorie, mais en théorie seulement, ce système de calcul fonde les droits aux soins. Il faut tout de même considérer qu’en France, contrairement à la plupart des autres pays, la médecine d’urgence commence par soigner les malades, avant que de se préoccuper de la façon dont les soins seront payés. Qu’en outre, grâce notamment à la CMU (couverture maladie universelle) quiconque en entreprend les démarches, même en étant en « situation irrégulière », peut se faire soigner gratuitement, sans avoir jamais versé un centime de cotisation. Ce qui choque la plupart des migrants travaillant et cotisant en France, l’avis des indigènes ne devant pas être pris en considération, puisque leur xénophobie est implicitement établie et reconnue.

 

Tous ceux qui en ont quelque conscience trouvent cette situation scandaleuse. Et en particulier le personnel soignant qui, même sans l’analyser complètement, se rend bien compte qu’il va encore être « le dindon de la farce ».

 

La meilleure solution consisterait évidemment à supprimer cette multitude de tâches administratives inutiles. Pour cela à simplifier radicalement le système. Tout un chacun étant soigné de la même façon devrait contribuer de la même façon. En fait, pour ceux qui travaillent ou ont travaillé et sans qu’ils s’en rendent compte, c’est le cas. Ils ont, par ce travail, contribué au fonctionnement de la société, en fonction de leurs capacités et compétences. Ce qui me semble suffisant pour être traité sur un pied d’égalité. Conformément à la constitution, à la déclaration des droits de l’homme et à la devise nationale.

 

Au regard des soins, la multiplicité et la complexité du système ne comporte aucun intérêt. Quelles que soient les modalités, les soins sont, ont été et resteront les mêmes. A quelques rares exceptions près, qui ne méritent pas vraiment que l’on s’y arrête.

 

Bien sûr et c’est ce qui détermine les syndicats conscients du problème, une telle solution supprimerait un grand nombre d’emplois administratifs et il n’est pas envisageable de mettre au chômage des personnes qui, dans de nombreux cas avec dévouement, ont cru accomplir une tâche utile.

 

A court terme, il n’est pas d’autre solution que de simplifier progressivement de système, de réduire les tâches. De convertir, former le personnel à d’autres fonctions, qui seraient réellement utiles et efficaces. Ce qui permettrait de libérer les fonds nécessaires à une « réelle » revalorisation de la rémunération du personnel soignant.

 

Pour le financement du système, sujet que j’ai développé par ailleurs, un mode simple, uniforme, général, sans aucune exception ni dérogation, tel qu’un prélèvement de 1% sur tous les mouvements financiers, serait infiniment plus juste et indolore que « l’usine à gaz » existante. Qui ne bénéficie réellement qu’à un petit nombre de profiteurs.

 

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                  Suresnes le 11/07/2020

 

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30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 10:47

Je reçois, comme tout un chacun, de nombreux films et messages en faveur du traitement du Covid 19 par la Chloroquine, d’autres dénonçant un complot contre ce traitement.

 

Je ne crois pas qu’il existe, à proprement parler, un complot. Ce dont je suis convaincu, c’est que deux logiques s’affrontent.

 

Le première, celle de médecins urgentistes, ou qui ont conservé cette mentalité de médecine hospitalière de soins d’urgence, proche des malades, sensible à leur souffrance. En première ligne, elle-même affectée. Comme ce jeune médecin chinois donneur d’alerte, Li Wenliang, qui en est mort. Qui en France a trouvé son héros en la personne du professeur Didier Raoult, autorité internationalement reconnue en virologie.

 

L’autre administrative, qui ne s’intéresse pas aux malades, mais seulement au nombre de malades. Pas plus aux morts, mais au nombre de morts. Sa logique est celle de la centralisation et de la concentration du pouvoir. De la généralisation qui ne peut s’obtenir que par l’abstraction. Depuis maintenant plusieurs décades, les différents gouvernements prétendent rentabiliser le système social et particulièrement le système de santé, en le démantelant, du fait de dérives de coûts et de manque de rentabilité.

 

Les arguments présentés sont erronés et fallacieux à de nombreux égards.

 

Sur le plan de la dépense, sont accusés et rognés les salaires des personnels médicaux. Des services, des hôpitaux sont fermés, des lits supprimés. Et dans le même temps les coûts administratifs ne cessent de croitre dans des proportions affolantes.

 

Dans mon enfance, au cours des années soixante, du fait de la maladie de mon père qui était hémophile, j’ai beaucoup fréquenté les hôpitaux. Le contact avec le personnel soignant était direct. Je ne pense pas qu’il existait un administratif pour vingt ou vingt-cinq soignants. Ces dernières années, du fait de mes propre problèmes de santé, je fréquente beaucoup les hôpitaux et force m’est de constater qu’on y rencontre désormais plus d’administratifs que de soignants. Qu’en outre, les soignants eux-mêmes sont submergés par les tâches administratives.

 

Il est bien connu, depuis la fin du dix-neuvième siècle, Clemenceau* la dénonçait déjà, que la principale fonction de l’administration est de créer de l’administration. Nous avons, dans ce domaine, largement dépassé le seuil du tolérable. Et tous ceux qui y sont confrontés se rendent bien compte qu’une grande partie des travaux administratifs n’est d’aucune utilité réelle. Que rendre systématiquement compte, à de nombreux niveaux, donc de nombreuses fois, par de nombreuses personnes, de tâches qui ont été accomplies sans poser aucun problème ne sert rigoureusement à rien. Sauf à des responsables administratifs et politiques à se prévaloir de résultats, auxquels ils n’ont contribué en rien.

 

C’est ce phénomène, né de la concentration des données, nécessairement abstraites, qui aboutit à cette logique. C’est vrai dans notre système de santé, c’est vrai pour le reste de la société. Au sommet d’une hiérarchie, chaque cas ne peut être traité de façon spécifique. Il ne peut être pris en considération que de façon globale, statistique. Donc totalement déshumanisée. Si on regroupe les cas en grands nombres, aucune différence n’apparaît plus. Aucune spécificité. On ne traite plus le cas, on traite le nombre. Et au sein de celui-ci, si un masque plus un masque font deux masques, un tube à essai et une ambulance font également deux. On ne distingue plus rien. La réalité a été totalement effacée. J’ai déjà décrit le phénomène dans le domaine de la finance, dans mon livre « Le dogme de l’équilibre financier » et la nature de la crise dans « Crise financière ou de société ».

Cette méthode a permis à l’administration de prendre le contrôle du système social et il est clair qu’elle ne laissera pas sans combat, les médecins reprendre ce contrôle. Elle aussi a ses champions Agnès Buzin et son mari Yves Lévy. Et le puissant soutien de l’administration, comme celui des laboratoires qui, il est facile de s’en rendre compte par le choix des dirigeants, ne considère plus le médicament que comme un moyen de faire des profits, la réelle efficacité médicale ne faisant plus partie de leurs préoccupations.

 

Ces deux logiques s’affrontent et la plupart d’entre nous, plus ou moins consciemment, adhèrent à la mentalité urgentiste contre la mentalité administrative. Croît ainsi participer à une forme de lutte du bien contre le mal et avoir bien choisi son camp.

 

Ce qui est parfaitement faux. Nous sommes tous responsables de cette situation, de cet abandon du pouvoir à l’administration. De cette centralisation, de cette concentration du pouvoir au sein de la bureaucratie. Trotski la dénonçait déjà comme méthode utilisée par Staline pour la prise de pouvoir.  Et nous avons largement dépassé la bureaucratie soviétique. Tous ceux qui l’on vécue dans les pays de l’Est pourront vous le dire. C’est en refusant d’assumer les conséquences de nos actes que nous abandonnons le pouvoir à l’administration.

 

L’administration ne peut pas, ne sait pas traiter les cas ponctuels, individuels. Elle ne sait traiter que les cas généraux. De façon abstraite, déshumanisée, en remplaçant l’égalité par l’uniformité. Et en développant la bureaucratie. Un papier que nous jetons, nécessite un employé municipal pour le ramasser, un chef pour organiser et répartir les tâches. Une personne chargée de l’embaucher, une pour gérer ses salaires, une autre pour approvisionner le matériel, un lieu pour le stocker, d’autres pour coordonner, comptabiliser, administrer … Ce seulement dans ce cas le plus simple et évident.

 

Nous sommes tous responsables et nous ne résoudrons nos problèmes qu’en assumant personnellement, individuellement et collectivement par cercles concentriques, nos responsabilités. Les conséquences de nos actes. En commençant par y être attentifs.

 

 

                                                                                              Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                              Puteaux le 30 mars 2020     

 

 

*  « Les fonctionnaires sont comme les livres d'une bibliothèque: ce sont les plus haut placés qui servent le moins. » Georges Clemenceau

 

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17 mars 2020 2 17 /03 /mars /2020 08:48

Ces mots, largement utilisés aux XVIII et XIXème siècles, ont quasiment disparu du langage du XXème et du début du XXIème siècle.

 

Le terme le plus répandu pour qualifier les auteurs de ces comportements est « malhonnêteté ».

Litote ou euphémisme ? Faudrait-il croire que nos contemporains seraient plus honnêtes que nos ancêtres ? Qu’ils ne commettraient que des pêchers véniels ?

 

Franchement, j’en doute. Mon impression serait plutôt à l’inverse, que la criminalité s’est développée et généralisée de façon exponentielle dans tous les domaines de la société. Pour tous les types de comportements. Peut-être moins sanglante, mais avec de nouvelles formes de violence, de nouveaux instruments, concrets et abstraits.

 

Je ne conserve pas de souvenir plus anciens, mais j’ai des souvenirs précis des années 1950-60.

L’époque de mon adolescence, de mes premiers apprentissages. Je me souviens notamment que, ni à Neuilly, notre résidence principale, ni à Royan, notre maison de vacances, les portes n’étaient jamais fermées à clef. Notamment que la porte du garage de Royan n’était jamais fermée lorsqu’il faisait beau. Qu’elle ne servait qu’à protéger de la pluie, des intempéries. Que les courses, le vin, les achats divers étaient dans la plupart des cas laissés dans le garage. C’est moi qui étais le plus souvent chargé d’aller les y chercher. Bien que ce soit au vu et au su de tout le monde, de tous les passants, je ne me souviens pas que rien n’y ait jamais été volé !

 

En ce début de XXIème siècle, je ne crois pas qu’il existe, en dehors de zones campagnardes où tout le monde se connait et où ne passent jamais d’étranger, des lieux susceptibles de présenter une telle sécurité. D’ailleurs tous les immeubles, industriels, de bureaux ou d’habitation, toutes les maisons, ne sont-ils pas équipés de commandes, de digicodes, d’interphones, de digiphones, de caméras ? D’une multitude de mécanismes, de systèmes de surveillance. Mais il n’y a quasiment plus de concierges, de gardiens, personne à qui parler, demander des nouvelles, avec qui échanger.

 

Autres temps, autres mœurs. Et je sais que nombreux seront ceux qui considèreront là une nostalgie de ma jeunesse. Mais cela va bien au-delà. Nombreux sont également ceux qui considèrent que les voyages, les déplacements, la mobilité, constituent un progrès, un accroissement des libertés. Mais comme pour une médaille, il faut également regarder l’envers, ou le revers. Et celui-là ne me semble pas réjouissant. A force de voyages et de déplacements, personne ne connait plus personne. Bien souvent même plus ses voisins de palier. Qui ne s’intéressent pas plus à lui et en savent moins sur lui, que sur n’importe quel politique, acteur ou joueur de football, qu’ils ne rencontreront jamais. Et qui ne connaitra jamais leur existence. Tous deux se précipitant, dès qu’ils rentrent chez eux, pour allumer un écran de télévision, un ordinateur ou une console de jeu. S’évadant ainsi de l’existence banale, ennuyeuse, qu’ils organisent et perpétuent par ces comportements.

 

Dans les affaires, mes souvenirs ne remontent pas en deçà des années 70. Mais j’ai des souvenirs précis. Particulièrement des petites entreprises de mécanique et de bâtiment. Ce n’était déjà plus l’après-guerre, mais c’étaient les trente glorieuses. Certaines commandes n’étaient que de simples plans, ou même croquis, qui n’étaient même pas signés. Ou des demandes verbales. Ce qui n’empêchait pas le travail d’être rigoureusement fait et le prix, mentionné verbalement à la commande, scrupuleusement payé. Le tout dans les délais convenus. Les immigrés, soucieux de leur intégration, apprenaient aussi rapidement qu’ils en étaient capables, les travaux, la langue, les mœurs, us et coutumes, qu’ils respectaient avec encore plus de rigueur que les indigènes, pour favoriser cette intégration.

 

La politesse, le respect, la civilité étaient de règle. Envers les aînés que l’on laissait passer ou s’asseoir, la galanterie envers les femmes dont l’élégance et le maintien manifestait la supériorité, avant que de revendiquer l’égalité. Mon père me disait : « Pour être respecté, il faut être respectable. » Au-delà du Droit au respect, il y a le mérite. Le souci de mériter ce que l’on souhaite obtenir. Le droit ne tombait pas du ciel, il était la conséquence du respect du devoir, d’avoir assumé ses obligations.

 

Toutes ces valeurs se sont perdues. Chacun revendique tous les droits, en refusant toute obligation. Respecter ses engagements n’est plus considéré que comme une preuve de faiblesse, voire de couardise. Pour les politiques, promesses et engagements n’engagent que ceux qui y croient. Trouver n’importe quel prétexte pour ne pas les tenir est admirable et presqu’unanimement admiré. Presque toutes les publicités sont mensongères et déceptives, ce bien que ce soit interdit par la loi. Mais ceux chargés de son application considèrent que c’est sans incidence car quiconque y réfléchit ne peut y croire. Pourquoi dire la vérité lorsqu’il n’y a que des avantages à mentir ? Que les sanctions, lorsqu’elles existent, ne sont jamais appliquées ? Que les peines encourues sont dérisoires par rapport aux avantages ?

 

Même les lois, nombreuses jusqu’à la nausée, contradictoires, mal écrites, fondées sur des études fallacieuses, sur des compromis inavoués et inavouables, sont fourbes. La plupart des lois récentes, au lieu de définir la règle à partir du cas général, se fondent sur l’exception, voire le cas unique, qui devient la référence à quoi tout doit se plier. L’objet n’étant plus de définir la règle mais d’occuper l’espace médiatique, de faire le spectacle pour le public électoral. La finalité n’étant pas « de gérer en bon père de famille », d’administrer ni de résoudre les problèmes, mais de parvenir à diriger et se maintenir au pouvoir.

 

Dans le domaine fiscal, qui atteint des sommets, la soit-disant lutte contre une fraude marginale prétend justifier l’application a priori à tous les « contribuables » des mesures qui ne devraient s’appliquer qu’aux fraudeurs. La plupart des avantages, exonérations, dérogations … s’avérant des miroirs aux alouettes, le fisc cherchant toujours à rattraper d’une main ce qu’il a donné de l’autre. Enfin la complexité des règles favorise la fraude, assujettit et contraint les petits, les obscurs, les sans-grades, à l’avantage des gros, internationaux bardés de conseillers.

 

Terminons-en par les définitions : Fourbe : « Qui a recours, pour tromper, à des moyens odieux. » Littré. « Qui trompe avec une adresse perfide, qui use d’artifices déloyaux. » Dictionnaire de l’Académie Française. Duplicité : « Caractère d'une âme qui est double, qui présente une apparence trompeuse et contraire à ce qui est au fond ; mauvaise foi. » Littré. « Disposition d’une personne qui affecte des sentiments, des intentions, des idées qu’elle n’a pas réellement afin de tromper autrui sur son compte ; comportement de cette personne. » Dictionnaire de l’Académie Française

 

Ne sont-ce pas des définitions rendant compte de l’état de la société dans laquelle nous vivons ?

Y a-t-il encore un système, une institution, au sein de laquelle les valeurs de franchise, de probité d’honnêteté, sont encore prépondérantes ? Je ne le crois pas, je n’en connais pas.

Et les termes qui les désignent sont tombés en désuétude. On ne sait même plus reconnaitre, nommer, désigner ces comportements, qui sont devenus de règle dans notre société.

 

Il reste des justes, mais ils ne tiennent pas le haut du pavé, ils ne le souhaitent d’ailleurs pas.

Reconnaissons avec Cicéron que nous avons les dirigeants que nous méritons.

Dieu reconnaitra les siens.

 

                                                                                  Marc Albert CHAIGNEAU

                                                                                   SURESNES 28/01/2019-17/03/2020

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